Sophie Pétronin, la dernière otage française dans le monde, a été libérée après presque quatre ans de captivité. L’humanitaire, aujourd’hui âgée de 75 ans, avait été enlevée le 24 décembre 2016 au nord du Mali par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda. L’homme politique malien Soumaïla Cissé ainsi qu’un prêtre et un jeune Italien ont également été relâchés dans le cadre d’un échange contre une centaine de djihadistes.
Mais la genèse et le déroulement de cette opération est entourée de zones d’ombre. Elle a été menée à bien sous un gouvernement malien de transition installé depuis seulement quelques jours par les nouveaux maîtres militaires de Bamako, sans qu'apparaisse clairement le rôle qu'aurait joué ce changement politique pour débloquer la situation après des années d'efforts.
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Un échange contre 200 djihadistes
Cette séquence de libération a commencé vendredi dernier, quand les négociateurs maliens ont conclu un accord avec les islamistes d’un groupe terroriste, le JNIM, affilié à Al-Qaïda. Leur idée était d’organiser un échange contre 200 djihadistes environ, détenus à la prison centrale de Bamako.
Les autorités maliennes ont alors demandé aux militaires français de suspendre l’ensemble de leurs opérations dès samedi matin dans la région de Tessalit, au nord du pays, où pendant tout le week-end des avions maliens ont amené les prisonniers relâchés. 70 djihadistes ont été libérés le samedi, 110 le dimanche, puis 26 pour terminer les lundi et mardi. L’identité et le profil de ces prisonniers libérés n’ont pas été divulgués, mais il y avait parmi eux beaucoup de combattants de base, ainsi que quelques chefs.
Une pilule amère pour les soldats français
A l’origine, le gouvernement malien voulait obtenir la libération d’un responsable politique de tout premier plan, Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition parlementaire enlevé il y a six mois. Un enjeu extrêmement important pour la junte au pouvoir, qui souhaite renforcer sa légitimité et consolider l’unité nationale.
Dans cette logique, la libération de Sophie Pétronin doit faire passer une pilule plutôt amère pour les soldats français, qui ont capturé la plupart des djihadistes relâchés en prenant de véritables risques et en perdant des camarades dans ce combat. Cet épisode va donc marquer un tournant dans la gestion de la crise au Mali. Le choix des autorités maliennes d’ouvrir des négociations directes avec les terroristes peut se défendre, mais il pose très clairement la question de l’avenir de l’opération Barkhane et de l’engagement militaire français dans ce pays.