C'est une mise au point à la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé lundi "inacceptable" la manière dont la France a été traitée dans le cadre du pacte de sécurité conclu entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni. "L'un de nos États membres a été traité d'une manière qui n'est pas acceptable. (…) Nous voulons savoir ce qui s'est passé et pourquoi", a-t-elle déclaré à la journaliste Christiane Amanpour de la chaîne d'information américaine CNN.
Une réunion pour examiner les conséquences de ce pacte
Ursula von der Leyen est la première dirigeante d'une institution européenne à réagir à l'annonce de ce pacte, baptisé AUKUS, qui a entraîné la rupture d'un important contrat d'armement passé par la France avec l'Australie. D'un montant de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros), il prévoyait la fourniture de 12 sous-marins à propulsion diesel et était souvent qualifié de "contrat du siècle".
L'UE n'a été ni consultée ni informée avant l'annonce du partenariat stratégique pour la région indo-pacifique conclu entre Washington, Londres et Canberra, avait déclaré vendredi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE examineront lundi soir les conséquences de ce pacte, au cours d'une réunion à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. "Josep Borrell présidera cette réunion qui sera la première occasion de discuter des implications et des conséquences de cet accord pour l'UE et ses États membres", a précisé son porte-parole. "La réunion va durer deux heures et Josep Borrell devrait en rendre compte par une déclaration", a-t-il ajouté.
Rappel de l'ambassadeur aux États-Unis
Pour marquer sa colère, la France a rappelé son ambassadeur aux États-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, et son représentant en Australie, le pays à l'origine de la crise. Paris a également annulé une réunion entre la ministre française des Armées Florence Parly et son homologue britannique Ben Wallace.
Jean-Yves le Drian, le chef de la diplomatie française qui s'exprimera à la tribune des Nations Unies, reproche aux dirigeants des trois signataires du pacte AUKUS d'avoir dissimulé pendant des mois leurs négociations et dénonce une "rupture majeure de confiance" entre alliés de l'Otan.
Pas de rencontre Le Drian-Blinken ?
Mais côté américain, en revanche, peu de place à l'émotion ces derniers jours. Tout juste quelques messages ce week-end pour rappeler que Paris était un partenaire vital des États-Unis mais même pas de réaction après les mots de Jean-Yves Le Drian, qui a comparé l'attitude de Joe Biden à celle de Donald Trump.
Pour le moment, aucune rencontre n'est prévue entre les ministres français et américain, alors que Jean-Yves Le Drian et son homologue Anthony Blinken seront bien dans le même bâtiment au siège des Nations unies. Dans le même temps, les États-Unis ont annoncé leur décision de rouvrir leurs frontières en novembre. Un choix qui n'est pas anodin au moment où s'ouvre l'Assemblée générale des Nations unies, décision qui pourrait aussi être liée à la crise entre Paris et Washington, d'après un haut responsable américain.