L'Australie a dévoilé samedi un accord de compensation massive, à hauteur de 555 millions d'euros, avec le fabricant français de sous-marins Naval Group, mettant un terme financier à un conflit qui a envenimé les relations entre Canberra et Paris pendant près d'un an. En septembre 2021, le Premier ministre australien d'alors Scott Morrison avait mis fin soudainement au contrat français en préparation depuis une dizaine d'années. Le chef du gouvernement annonçait que son pays achèterait des sous-marins à propulsion nucléaire américains ou britanniques, un changement majeur pour un pays aux faibles capacités nucléaires.
Rétablir les relations tendues avec la France
M. Morrison s'est alors attiré les foudres du président français Emmanuel Macron qui l'a accusé de tromperie et a rappelé son ambassadeur d'Australie en signe de protestation.
Les relations entre les deux pays sont restées glaciales jusqu'à l'élection en mai de M. Albanese, de centre gauche. Depuis son arrivée au pouvoir, celui-ci s'est empressé de rétablir les relations tendues avec la France, la Nouvelle-Zélande et les nations insulaires du Pacifique qui reprochaient au gouvernement conservateur précédent sa lenteur en matière de changement climatique.
"Nous sommes en train de rétablir une meilleure relation entre l'Australie et la France", a déclaré M. Albanese, se disant "impatient de répondre à l'invitation que m'a faite le président Macron de me rendre à Paris à la première occasion".
Pour le général Trinquand, spécialiste des relations internationales, toutes les parties peuvent sortir gagnantes de cet accord. "Ce dédommagement représente la fin d'un épisode qui n'est pas à l'honneur de l'Australie, mais qui clôt le débat. En fait, l'Australie paie 1% de l'ensemble du contrat qui était à 56 milliards. Cela permet à Naval Group de ne pas licencier le personnel et de continuer sur d'autres activités. Et à l'Australie, d'enterrer la hache de guerre qu'elle avait déterré avec l'accord qu'elle avait rompu. [...] Cela mettait une ambiance détestable entre la France et l'Australie, alors que la France et l'Australie sont des pays proches et nous avons besoin de coopérer ensemble", a-t-il analysé au micro d'Europe 1.
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Un impact économique important
Au total, l'échec du contrat des sous-marins français aura coûté 2,4 milliards de dollars aux contribuables australiens, a précisé leur Premier ministre, sans qu'ils aient pu en tirer un quelconque bénéfice. Le contrat de sous-marins constitue la pièce maîtresse de la stratégie australienne de défense face à une Chine à l'influence grandissante dans la région sous la présidence de Xi Jinping.
Les sous-marins à propulsion nucléaire pourraient permettre à l'Australie d'opérer de façon plus furtive et plus dissuasive vis-à-vis de la Chine. Mais une grande incertitude règne sur l'échéance à laquelle l'Australie pourra effectivement posséder ces appareils.
Le premier sous-marin américain ou britannique ne sera vraisemblablement pas en service avant des décennies, ce qui laissera un vide pour l'Australie dont la flotte actuelle est vieillissante. Le choix du fournisseur aura un impact économique important et des implications stratégiques, liant étroitement la marine australienne à celle de la nation choisie.
L'ancien ministre de la Défense et actuel leader de l'opposition, Peter Dutton, a déclaré cette semaine qu'il avait décidé de s'approvisionner auprès des États-Unis, une révélation inhabituelle compte tenu de la sensibilité des négociations en cours. Le gouvernement actuel a insisté sur le fait qu'aucune décision n'a encore été prise.