Le bilan des attentats au Sri Lanka est extrêmement lourd : selon les déclarations de la police, lundi, au moins 290 personnes sont mortes et 500 autres ont été blessées après l'explosion de huit bombes dans trois hôtels de luxe, quatre églises et une maison, dimanche.
Le pays, à majorité bouddhiste cingalais, était dans une phase de reconstruction depuis la fin de la guerre civile, actée il y a tout juste dix ans, en mai 2009. Mais les attentats survenus à la veille de Pâques sont le signe d'un retour des tensions communautaires, analyse Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).
Une "volonté de pacification" contrariée
"Depuis la fin de la guerre civile, le Sri Lanka a montré une volonté de pacification, même s'il y a toujours des difficultés entre Tamouls et Cingalais, ce qui était un peu la cause de la guerre civile" qui faisait rage depuis 1983, relate le spécialiste interrogé par Europe 1. "On avait l'impression que ça se calmait petit à petit, et là on retombe sur quelque chose qui a l'air d'être communautariste."
Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d'informations "d'une agence de renseignement étrangère" avertissant qu'un mouvement islamiste, le NTJ, projetait "des attentats suicides contre des églises importantes" et l'ambassade d'Inde à Colombo. Le NTJ (National Thowheeth Jama'ath) s'était fait connaître l'an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques.
Des affrontements croissants
"Le gouvernement sri lankais a affirmé que c'était vraisemblablement quelque chose qui était lié à l'islam radical", poursuit Jean-Vincent Brisset, "ce qui est tout à fait nouveau : il y a eu quelques attaques pas très graves liées aux bouddhistes radicaux contre les hindouistes, mais pas d'attaques en provenance de l'islam radical." Ces dernières années, il y a eu des affrontements entre la communauté bouddhiste cinghalaise, majoritaire, et la minorité musulmane. L'an passé, les autorités ont décrété 12 jours d'état d'urgence pour mettre fin à des émeutes visant les musulmans dans le centre du pays.
Par ailleurs, en 2017, l'Alliance nationale évangélique chrétienne du Sri Lanka a recensé une centaine d'incidents contre les chrétiens dans l'île, selon un rapport du département d'État américain. Les catholiques sont à la fois présents chez les Tamouls et dans la majorité cinghalaise. Au Sri Lanka, les catholiques sont estimés à 1,2 million sur une population totale de 21 millions d'habitants. Le pays compte environ 70% de bouddhistes, 12% d'hindouistes, 10% de musulmans et 7% de chrétiens.