L'annonce de plusieurs pays de suspendre leur versement de fonds à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) viole la décision de la Cour internationale de Justice, et pourrait même violer la convention internationale sur le génocide, a déclaré dimanche une experte indépendante de l'ONU. Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, a rappelé que la CIJ avait ordonné de "permettre une aide humanitaire efficace" pour les habitants de Gaza.
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Cette décision de plusieurs pays revient donc à "désobéir ouvertement à l'ordre de la CIJ". "C'est une décision qui entraînera des responsabilités légales - ou bien qui verra la fin du système international de justice", a-t-elle écrit sur X.
"Punir collectivement des millions de Palestiniens"
Francesca Albanese, qui est une experte indépendante nommée par le Conseil de l'ONU pour les Droits humains mais ne parle pas au nom de l'ONU, a souligné l'enchaînement très rapide des événements concernant l'UNWRA. "Le lendemain du jour où la Cour internationale de Justice a conclu qu'Israël était peut-être en train de commettre un génocide, certains pays décident d'arrêter de financer l'UNWRA, punissant ainsi collectivement des millions de Palestiniens à un moment particulièrement critique, et violant probablement ainsi leurs obligations selon la convention contre le génocide", a-t-elle déclaré, dans un post séparé toujours sur X.
La Cour internationale de Justice a demandé vendredi à Israël d'empêcher d'éventuels actes de "génocide" et de "prendre des mesures immédiates" pour permettre la fourniture "de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent" dans la bande de Gaza. Peu après cette annonce, Israël a accusé plusieurs employés de l'UNWRA d'avoir participé à l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël. Les États-Unis ont immédiatement réagi en annonçant qu'ils cessaient leur financement à l'UNWRA, et ils ont été suivis ensuite par un certain nombre de pays, dont l'Allemagne, l'Australie, l'Italie, la Finlande et le Royaume-Uni.
L'UNRWA de son côté a immédiatement réagi aux accusations israéliennes en renvoyant les personnes mises en cause et en promettant une enquête approfondie et, si cette participation était prouvée, des poursuites judiciaires, mais Israël a malgré tout annoncé sa décision d'interdire à l'agence de continuer à travailler à Gaza après la guerre.
L'attaque surprise du Hamas en Israël a fait environ 1.140 morts, principalement des civils, et 250 personnes avaient été emmenées en otages. L'offensive militaire contre le Hamas lancée ensuite par Israël dans la bande de Gaza a fait plus de 26.000 morts, principalement des civils, selon les chiffres donnés par le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, qui dirige le territoire.