C’est le show de tous les superlatifs… Et le premier de la présidence Trump. Le Super Bowl, diffusé dans la nuit de dimanche à lundi heure française, opposera les Atlanta Falcons aux New England Patriots sur la pelouse du NRG Stadium de Houston, au Texas. Quelque 70.000 spectateurs sont attendus dans les gradins, et plus de 110 millions personnes devant le petit écran.
Si ce rendez-vous sportif est incontournable pour trois quarts des Américains, la mi-temps est tout aussi attendue. Le "Super Bowl half time show" accueillera cette année sur scène Lady Gaga. La chanteuse a promis de ne pas faire de ce spectacle une tribune, mais la politique pourrait bien s’immiscer malgré tout dans le show, alors que les États-Unis sont plus divisés que jamais après l’élection et les premières mesures controversées du nouveau président républicain.
Lady Gaga appelle au rassemblement. Lady Gaga a été retenue pour assurer le show le plus suivi du monde pendant près de treize minutes. Mais pas question pour la chanteuse de profiter de ce passage très médiatique, sponsorisé par Pepsi, pour délivrer une tribune politique. L’extravagante artiste, connue pourtant pour ses prises de positions politiques tranchées, a promis de faire passer un message de tolérance et de rassemblement : "Les seules déclarations que je ferai durant mon spectacle sont celles que j'ai faites de manière constante durant toute ma carrière", a expliqué Lady Gaga. "Je crois en l'égalité et dans le fait que l'état d'esprit de ce pays est un message d'amour, de compassion et de gentillesse", a ajouté celle qui n'a jamais caché son hostilité à Trump.
Lady Gaga a gardé le mystère sur le déroulé de son show, mais elle a précisé qu’elle interprétera des chansons retraçant sa carrière, et porterait plusieurs costumes. "Cet enfant qui ne pouvait pas aller s'asseoir à la table des enfants cools, et cet enfant qui a été mis dehors par ses parents parce que sa mère et son père n'acceptaient pas qui il était, cet enfant va avoir la scène pour treize minutes et je suis excitée à l'idée de la lui donner", a-t-elle dit en conférence de presse. Celle qui est habituée à surprendre son public pourrait être rejointe sur scène par le crooner Tony Bennett et Beyoncé, diva R&B habituée des shows de la mi-temps du Super Bowl.
Le message politique de Beyoncé. Lors du Super Bowl 2016, Beyoncé, qui avait alors assuré le show aux côtés de Coldplay et Bruno Mars, avait porté un message politique fort en chantant Formation, qui célèbre la culture afro-américaine et ressuscite l’héritage du Black Panther Party. Beyoncé a ainsi évoqué publiquement son ralliement au mouvement Black Lives Matter, dénonçant le racisme de la société américaine. Jamais un message aussi politique n’avait été délivré à la mi-temps du Super Bowl, et il a été aussi bien applaudi que décrié.
Beyoncé interprète Formation lors du Super Bowl 50 :
Contrôle des diffuseurs. Pour parer à tout éventuel dérapage, la télévision américaine diffuse en léger différé le Super Bowl depuis 2005 et le "scandale du téton". L’année précédente, le sein de Janet Jackson était apparu en direct devant des millions d’Américains. Justin Timberlake, avec qui elle partageait la scène, avait arraché comme prévu une partie du bustier de la chanteuse mais, au lieu de dévoiler son soutien-gorge, c’est son sein qui avait été mis à nu. Ce dérapage a provoqué un scandale parmi le public familial du Super Bowl, que les diffuseurs veulent désormais éviter. La Fox, diffuseur officiel du Super Bowl 2017, va d'ailleurs plus loin cette année après avoir refusé la diffusion de publicités qu'elle juge trop polémiques.
Des pubs engagées. Si la politique ne devrait pas avoir sa place sur scène (mais avec Lady Gaga, sait-on jamais), elle pourrait bien se glisser dans les publicités. Plusieurs annonceurs, qui profitent du Super Bowl et de ses millions de téléspectateurs, ont prévu des spots qui rappellent sans équivoque l’actualité outre-Atlantique. C’est le cas entre autres du brasseur Budweiser qui a centré sa publicité sur l’histoire d’un de ses fondateurs, un immigré allemand venu s’installer aux États-Unis au 19ème siècle. Le clip vidéo retrace le parcours en bateau d’Adolphus Bush, et son arrivée sur le sol américain où il est sommé de "rentrer chez lui". Un représentant de la marque a assuré qu'il n'y avait "aucune corrélation avec ce qui se passe dans le pays" en ce moment, mais nul doute que la publicité ne passera pas inaperçue alors que Donald Trump ferme les frontières américaines à certains immigrés.
La vidéo de Budweiser évoque l'immigration :
Le spécialiste des matériaux de construction 84 Lumber était quant à lui prêt à débourser 15 millions de dollars (13,9 millions d'euros) pour la diffusion de son spot de 90 secondes mais celui-ci a été retoqué par la Fox qui l'a jugé potentiellement polémique. Point d'appui d'une grande campagne de recrutement, on voyait dans le clip des candidats séparés de l'entreprise par un mur, qui rappelait dangereusement, au goût du diffuseur, le grand projet du président Donald Trump pour marquer la frontière entre États-Unis et Mexique.
De même, l’industrie automobile américaine est moins présente cette année dans les publicités de la mi-temps : "Personne n'a été autant mis sur la sellette (par Donald Trump) que l'industrie automobile", souvent accusée de délocaliser à tout crin, a expliqué à l'AFP Mike Bernacchi, spécialiste américain de l'économie du Super Bowl.
Un Super Bowl en terre républicaine. Dans un contexte de vives tensions après l’application des mesures de la nouvelle administration, le Super Bowl 2017 sera scruté de près. L'événement a lieu cette année en terre républicaine : le Texas avait largement voté pour Donald Trump à la présidentielle (à 52,60%). Le quarterback iconique des New England Patriots, Tom Brady, avait également soutenu publiquement Donald Trump durant la campagne présidentielle. Autre figure républicaine présente lors du Super Bowl : l’ancien président George Bush père est chargé du tirage au sort avant le coup d’envoi, qui déterminera quelle équipe attaquera en premier. Il ne fait aucun doute que Donald Trump va suivre avec intérêt le premier Super Bowl de sa présidence et, qui sait, se fendre d’un petit tweet comme il a déjà pu le faire à l’égard de dirigeants politiques, de multinationales ou de personnalités artistiques qui s'opposaient à lui.