La vidéo a fait le tour du monde. Sur cette dernière, la petite Salwa, une enfant syrienne rit à chaque bruit d'un bombardement, une parade trouvée par son père pour lui éviter la peur. En Syrie, les combats ont obligé ces derniers temps environ 900.000 personnes à fuir la région d'Idlib au nord-ouest du pays. Une zone connue pour être le dernier bastion opposé au régime syrien. "Il y a ce drame humanitaire le plus important depuis la dernière Guerre mondiale", souffle Raphaël Pitti, dimanche sur Europe 1.
"Il y a 12 millions de personnes qui ne sont plus chez elles, cinq millions à l'extérieur, sept millions à l'intérieur de la Syrie, plus de 500.000 morts, 80% du territoire qui a été détruit", poursuit le médecin spécialisé dans la médecine de guerre et élu de gauche au conseil municipal de Metz. Formateur de nombreux professionnels médicaux sur place, il dénonce depuis des années le piège qui se referme sur les civils syriens.
Une "admiration sans bornes" pour les médecins syriens
"On a tout utilisé contre cette population syrienne qui est véritablement martyrisée"', se désespère-t-il, énumérant les souffrances infligées aux Syriens : "Les armes chimiques, le napalm, le phosphore, le chlore..." Le médecin raconte qu'il ne reste plus dans la région d'Idlib q'un seul hôpital fonctionnel, celui de son association situé à Bab Al-Hawa. Celui-ci profite d'être "contre la frontière turque" et est de fait "pour l'instant un peu protégé".
"J'ai une admiration sans bornes pour le personnel soignant syrien, mais je dis bien sans bornes", témoigne Raphaël Pitti, qui décrit de "véritables héros" depuis le début de l'affrontement à Idlib. "Depuis le mois d'avril, ce sont 72 structures médicales qui ont été détruites. Et là ils sont en train de mettre en place des cliniques mobiles pour éviter d'être eux-mêmes bombardés et pour aller vers ces populations déplacées", rapporte-t-il.
Reproches envers la communauté internationale
Face à cette situation, la réaction de la communauté internationale désole le médecin. Il lui reproche de ne pas "bouger d'un iota" dans un conflit qui a débuté en 2011 et de "regarder toujours ailleurs" sans intervenir. "On n'est intervenu en Syrie que pour lutter contre Daech, et encore nous ne l'avons pas fait avec courage, nous avons utilisé les forces kurdes qui étaient présentes, que nous avons lâchement abandonnées à la fin", insiste Raphaël Pitti. Il fustige par ailleurs la politique du président russe Vladimir Poutine dans le pays, contre laquelle il réclame des sanctions fortes.
"Depuis neuf ans, on vous parle de géopolitique, de géostratégie, de terroristes, mais on ne veut pas voir l'humain", conclut-il.