C'est une vie de peur et de sang que décrit Amnesty international dans un rapport paru mardi. Celle des habitants d'Alep, en Syrie, qui survivent dans la guerre civile qui ravage le pays depuis quatre ans. Car les bombes du gouvernement ne font aucune distinction entre rebelles et civils. Elles tombent sur "des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des marchés bondés", dénonce l'ONG. Une partie de la vie se fait désormais terrée "dans des caves ou des bunkers souterrains".
Ecoles et hôpitaux sous terre. Les scènes d'horreur décrites par les Aleppins font froid dans le dos. Un ouvrier, dont Amnesty recueille le témoignage, raconte avoir "vu des enfants décapités, des membres éparpillés partout". Dans la région d'Alep, 3.000 civils ont été tués l'an dernier par des barils d'explosifs – barils de pétrole, réservoirs d'essence et bonbonnes de gaz remplis d'explosifs. Le régime continue de nier l'utilisation de ces explosifs, comme l'a affirmé Bachar Al-Assad dans sa récente interview à France 2. 600 habitants sont morts dans les bombardements rebelles qui frappent la partie de la ville aux mains du régime.
L'inquiétude est telle, à Alep, que la population passe son temps à "regarder le ciel", pour voir arriver les prochains hélicoptères, selon un enseignant. Un médecin, dont l'hôpital de campagne est replié en sous-sol, confie : "Nous vivons sans soleil, sans air, nous ne pouvons pas monter et il y a sans arrêt des avions et des hélicoptères."
De la viande de lapin … et de chat. L'ONG, qui estime que Damas commet des "crimes contre l'humanité" à Alep et critique les "crimes de guerre des rebelles", décrit également des conditions de vie "épouvantables". "Les habitants d'Alep […] ont toutes les peines du monde à se procurer les biens et services de première nécessité – nourriture, médicaments, eau et électricité, notamment". Du côté rebelle de la ville, la nourriture est extrêmement chère. En 2014, le taux de pauvreté atteignait 82,5%, selon le Centre syrien de recherche en politiques publiques. Pour survivre en zone de guerre, les Aleppins cultivent leurs propres légumes et élèvent des animaux pour les manger : des lapins, mais aussi des chats – un nouveau type de "fast-food" à Alep, explique un habitant.