Les forces turques encerclent depuis lundi la ville d'Afrine, bastion dans le nord-ouest de la Syrie d'une milice kurde soutenue par les Etats-Unis mais qualifiée de "terroriste" par Ankara, a affirmé mardi l'armée turque. "Dans le cadre des opérations (...) la ville d'Afrine a été encerclée à partir du 12 mars 2018", a indiqué l'armée turque dans un communiqué cité par l'agence de presse étatique Anadolu.
Vers un assaut ? La ville d'Afrine est le principal objectif de l'offensive turque baptisée "Rameau d'olivier" et lancée le 20 janvier contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Après plusieurs semaines de progression laborieuse, les militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pris lors des derniers jours plusieurs localités situées aux abords de la ville d'Afrine. Vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que les forces d'Ankara pourraient entrer "à tout moment" dans la ville.
Crainte pour les civils. Mais des observateurs ont émis des inquiétudes face à l'éventualité d'un assaut direct sur Afrine, où plusieurs milliers de civils se trouvent encore. Plusieurs centaines d'entre eux ont fui la ville lundi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). D'après l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources sur le terrain, plus de 200 civils ont déjà été tués depuis le début de l'opération turque. Ankara dément pour sa part cibler les populations.
Rien ne justifie "l'action en profondeur" de l'armée turque à Afrine. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré mardi que les inquiétudes "légitimes" de la Turquie concernant la sécurité de sa frontière ne justifiaient "absolument pas" l'opération en cours dans le canton kurde d'Afrine en Syrie. "Si le souci de la frontière est légitime pour la Turquie (...) cela ne justifie absolument pas l'action en profondeur des troupes turques sur la zone d'Afrine", a déclaré le chef de la diplomatie française à l'Assemblée nationale. "Ça ne justifie en aucun cas des opérations militaires aboutissant à mettre en danger les populations civiles", a-t-il ajouté, qualifiant la situation de "critique". Le chef de la diplomatie craint en outre que l'action de la Turquie à Afrine affaiblisse "la pression mise sur les moyens restant de Daech en Syrie".