Le président français Emmanuel Macron a jugé lundi qu'un "retour à la normale" en Syrie avec le maintien de Bachar al-Assad à sa tête serait "une erreur funeste". "Nous voyons bien ceux qui voudraient, une fois la guerre contre Daech achevée, faciliter un retour à la normale : Bachar al-Assad resterait au pouvoir, les réfugiés (…) retourneraient au pays et l'Europe et quelques autres reconstruiraient", a déclaré le chef de l'État au cours de son discours annuel face aux ambassadeurs de France.
"Qui a massacré son propre peuple ?" "Si je considère depuis le premier jour que notre premier ennemi est Daech (acronyme arabe de l'organisation État islamique, ndlr) et que je n'ai jamais fait de la destitution de Bachar al-Assad une condition préalable à notre action diplomatique ou humanitaire en Syrie, je pense qu'un tel scénario serait néanmoins une erreur funeste", a-t-il estimé. "Qui a provoqué ces milliers de réfugiés ? Qui a massacré son propre peuple ? Il n'appartient pas à la France de désigner les futurs dirigeants de la Syrie pas plus qu'à un autre pays mais c'est notre devoir et notre intérêt de nous assurer que le peuple syrien sera bien en situation de le faire", a-t-il ajouté.
Le président a par ailleurs jugé que la situation était "aujourd'hui alarmante" en Syrie "car le régime menace de créer une nouvelle crise humanitaire dans la région d'Idleb et ne montre jusqu'à présent aucune volonté pour négocier la moindre transition politique". "Cela implique de renforcer encore la pression sur le régime et ses alliés et j'attends à cet égard beaucoup de la Russie et de la Turquie compte tenu de leur rôle et de leurs engagements pris", a-t-il ajouté.
Derniers mois du conflit. Le régime de Bachar al-Assad se dit déterminé à reprendre aux rebelles la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec la Turquie. Cette région constitue le dernier refuge des groupes insurgés, chassés de leurs principaux bastions en Syrie. "Nous sommes à l'heure de vérité" alors que "nous abordons, je crois, les derniers mois du conflit" entamé en mars 2011, a ajouté Emmanuel Macron. Cette nouvelle phase va être pilotée par le nouveau représentant personnel du président pour la Syrie, François Sénémaud, qui vient de quitter son poste d'ambassadeur en Iran.