L'armée syrienne resserrait davantage l'étau samedi sur les rebelles assiégés à Alep avec des milliers de civils, mais a subi un revers dans la cité antique de Palmyre où le groupe djihadiste État islamique a de nouveau pris pied. Face à la tragédie dans la deuxième ville du pays, les chefs de la diplomatie de dix pays occidentaux et arabes opposés au pouvoir syrien ont appelé à Paris à mettre fin à la souffrance des civils, mais le sentiment d'impuissance était manifeste.
Offensive militaire et issue diplomatique. D'un côté, Bachar al-Assad, appuyé militairement par la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais, enregistre des succès face aux rebelles. De l'autre, les Occidentaux, qui lui sont hostiles, cherchent en vain à trouver une issue diplomatique à la guerre qui a fait depuis mars 2011 plus de 300.000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié de la population.
Samedi à Alep, principal front du conflit, les troupes pro-gouvernementales ont continué de pilonner par les airs et à l'artillerie lourde les derniers quartiers rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les bombardements sont violents et des colonnes de fumée s'élèvent dans le ciel de plusieurs secteurs, selon un correspondant de l'AFP dans la partie gouvernementale. "Le pilonnage est d'une intensité inouïe", a déclaré Ibrahim Abou al-Leith, le porte-parole de l'organisation des secouristes des Casques Blancs à Alep, présent dans un quartier rebelle.
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Lundi, trois députés français iront en Syrie. Selon des sources parlementaires rapportées par l'AFP, une délégation composée des députés français Cécile Duflot (écologiste), Hervé Mariton (LR) et Patrick Menucci (PS) se rendra lundi en Syrie pour obtenir une aide humanitaire à la ville d'Alep. Un voyage en Syrie, "afin de lancer un appel pour qu'une aide humanitaire soir apportée au plus vite et s'assurer que les civils innocents, dont femmes et enfants, qui souffrent de la famine, du froid et de l'absence de soins primordiaux, puissent être secourus", précise Cécile Duflot.
Hervé Mariton ajoute pour sa part qu'outre l'objectif humanitaire, la visite de la délégation française a aussi "un objectif politique". "Je souhaite mieux comprendre la situation politique sur place, même si je suis conscient des risques de manipulation et de désinformation", explique le député.
100.000 civils assiégés. À Alep, le régime syrien contrôle désormais 85% des quartiers que les insurgés tenaient avant le lancement le 15 novembre d'une offensive qui a causé la mort de 413 civils à Alep-Est et poussé quelque 80.000 à la fuite. Acculés dans leur dernier carré, les rebelles ont tiré des roquettes sur les quartiers pro-régime, tuant neuf civils, selon l'OSDH. Au moins 129 civils y ont péri depuis le début de l'opération.
Fort de ses succès, le régime Assad a ignoré les appels internationaux à la trêve et Moscou a affirmé que l'offensive d'Alep ne cesserait qu'après le départ de tous les rebelles. Selon l'ONU, environ 100.000 civils sont assiégés dans les quartiers rebelles. Quelque 2.000 d'entre eux ont fui samedi vers les régions pro-régime, a indiqué l'OSDH.
Palmyre, à nouveau aux mains des djihadistes. Mais alors que le régime semble en passe de prendre la deuxième ville du pays, il a été pris par surprise dans le centre du pays où l'EI a pénétré à Palmyre, cité classée au patrimoine mondial de l'Humanité.
L'entrée à Palmyre de l'EI en mai 2015 et les énormes dommages que les djihadistes avaient causés aux vestiges du site avaient soulevé l'indignation de la communauté internationale. Le forces du régime, avec l'aide russe, avaient fini par reprendre la ville en mars dernier.