Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, veut s'attaquer à la question des données cryptées. C'est pourquoi il reçoit mardi son homologue allemand, Thomas de Maizière. La France veut porter, avec Berlin, une initiative européenne puis internationale sur ce qui est appelé "le chiffrement des communications", une question centrale de la lutte antiterroriste.
Un magazine pour apprendre à crypter. Ces données sont une vraie préoccupation des autorités. "Les réseaux terroristes utilisent des moyens de communication de plus en plus lourdement cryptés", confiait récemment l'un des chefs du renseignement français. Pour s'en convaincre, il suffit de lire le dernier magazine de l'Etat islamique (EI) en français publié il y a quelques jours. A l'intérieur, on trouve un dossier de huit pages, un mode d'emploi très clair où l'on apprend, étape par étape, à crypter ses appels téléphoniques mais aussi à chiffrer l'intégralité du contenu d'un téléphone.
Formation en Syrie. Ce savoir-faire est donc maîtrisé par le groupe Etat islamique. En août 2015, déjà, les enquêteurs de la DGSI avaient auditionné un djihadiste lié au commando du 13-Novembre et retrouvé chez lui une clé USB qui contenait un logiciel de cryptage. Au cours de son interrogatoire, l'homme avait expliqué avoir été formé à son utilisation en Syrie. A cela s'ajoutent les messageries chiffrées accessibles à tous, comme Telegram, une application très prisée des djihadistes puisqu'elle permet la confidentialité des échanges. C'est d'ailleurs sur cette messagerie que les assassins du prêtre Jacques Hamel communiquaient.
Le cryptage représente un casse-tête pour les enquêteurs auquel compte bien s'attaquer le ministre même si pour beaucoup de spécialistes de la matière, interdire le chiffrement de données, aujourd'hui, est irréaliste.