C’est une mauvaise journée pour Tony Blair. L’ancien premier ministre britannique est vivement pointé du doigt dans un rapport rendu public mercredi sur l'engagement controversé du Royaume-Uni dans la guerre en Irak en 2003. la France, elle, avait décidé de ne pas y aller.
Dans la foulée de la publication du rapport, Tony Blair a exprimé mercredi sa "peine", ses "regrets" et ses "excuses". "C'était la décision la plus difficile que j'aie jamais prise (...) je l'ai prise de bonne foi. J'en endosse l'entière responsabilité. J'éprouve plus de peine, de regrets et d'excuses que vous ne pouvez l'imaginer", a déclaré l'ex-chef du gouvernement, visiblement ému, lors d'une conférence de presse à Londres.
Baptisé le rapport Chilcot, du nom du président de la commission qui a enquêté, le rapport dresse un portrait sévère du travailliste.
Blair à la botte de Bush
Le rapport de la commission Chilcot, pointe du doigt la relation entre le Premier ministre britannique de l’époque et le président américain George Bush. Le 28 juillet 2002, soit huit mois avant l'invasion de l'Irak, Tony Blair a écrit au président américain George Bush pour lui assurer qu'il serait avec lui "quoi qu'il arrive". La commission reproche au travailliste de ne pas avoir "insisté auprès du président Bush pour obtenir des assurances fermes sur les plans américains". Tony Blair a, selon le rapport, engagé son pays dans une activité diplomatique telle qu'il aurait été "très difficile pour le Royaume-Uni de retirer par la suite son soutien aux Etats-Unis".
Les enquêteurs ont estimé que l’engagement de la Grande-Bretagne dans cette guerre irakienne n’était pas nécessaire. "En 2003, il n'y avait pas de menace imminente de Saddam Hussein. La stratégie de confinement pouvait continuer pour un certain temps", ont-ils écrit. "Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait choisi de se joindre à l'invasion de l'Irak avant que les options pacifiques pour un désarmement aient été épuisées. L'intervention militaire n'était alors pas l'ultime recours".
Un manque de recul et d’esprit critique
Autre point important souligné par la commission d’enquête, le manque d’esprit critique de la part des Britanniques qui ont suivi les Etats-Unis dans la guerre en Irak sans aucune preuve de l’existence des armes de destruction massive. "Il est maintenant clair que la stratégie en Irak a été conçue sur la base de renseignements et d'estimations déficientes. Elles n'ont pas été critiquées, et elles auraient dû l'être".
Les enquêteurs reprochent aux chefs du renseignement britannique, de l’époque, de ne pas avoir indiqué "clairement à Tony Blair que les informations n'avaient pas établi sans doute possible que l'Irak continuait à produire des armes chimiques et biologiques, ou que les efforts visant à fabriquer des armes nucléaires se poursuivaient".
Un manque de préparation
Enfin, le rapport Chilcot met en avant une impréparation du gouvernement britannique au moment où il s’est engagé dans la guerre. "Le gouvernement a échoué à prendre en compte l'ampleur de la tâche nécessaire pour stabiliser, administrer et reconstruire l'Irak et les responsabilités qui allaient incomber au Royaume-Uni", peut-on lire dans l’épais rapport. "Le gouvernement n'était pas préparé pour le rôle dans lequel le Royaume-Uni s'est retrouvé à partir d'avril 2003. La plus grande partie de ce qui s'est mal passé à partir de là a pour origine ce manque de préparation". 179 soldats britanniques ont été tués dans le conflit, pendant les six ans d'engagement britannique jusque 2009.