Dans les couloirs comme sur la devanture, les impacts de balles ont été effacés. Pas le traumatisme. Le 20 novembre 2015, l'hôtel Radisson Blu, à Bamako, avait été la cible d'un attentat terroriste revendiqué par un groupe djihadiste salafiste. Deux hommes armés s'étaient introduits dans le bâtiment et avaient ouvert le feu avant de prendre 170 personnes en otage. L'attaque s'était soldée par la mort de 22 personnes, dont les deux assaillants, après l'assaut de forces maliennes et internationales.
La clientèle étrangère se fait rare. Trois mois plus tard, l'activité reprend lentement dans l'établissement de luxe. Celui-ci a perdu 40% de sa clientèle étrangère mais peut compter sur d'irréductibles habitués, à l'instar de Denis. "Je pense qu'il faut démontrer à tous ces idiots qu'on n'a pas peur et qu'on ne se laisse pas impressionner", estime ce Français qui dirige un cabinet de conseil. Lui considère sa venue au Radisson comme un acte militant. "Je prends une bonne bière ou un bon vin, personne ne peut m'empêcher d'aller dans un pays ami."
"Je pense à mes collègues qui sont morts". Pour Tamba, membre du personnel qui avait guidé les forces maliennes dans les couloirs au moment de l'assaut, les souvenirs sont encore à vif. "Souvent, je pense à mes collègues qui sont morts", raconte celui qui "ne veut même pas voir" les murs encore criblés de balle il y a peu. "Mais maintenant, je me suis habitué, et ça va."
Des allures de bunker. Tout autour de lui, cet hôtel que Tamba appelle son "gagne-pain" prend des allures de bunker. Les grilles ont été surélevées, le passage aux détecteurs de métaux rendu obligatoire. Même la rue qui passe devant l'entrée, et appartient de fait au Radisson, a été fermée. Et ces mesures drastiques inspirent la concurrence, puisque tous les hôtels de standing de Bamako font de même, en plus de la surveillance assurée en permanence par les militaires maliens.
Manuel Valls attendu. C'est dans ce contexte particulier que Manuel Valls s'apprête à poser jeudi le pied au Mali pour une visite de près de deux jours. Le Premier ministre, qui veut montrer que la France soutient le pays face au terrorisme, se rendra également à Gao, dans le Nord-Mali, où se trouvent les troupes françaises de la force Barkhane. Il enchaînera ensuite avec le Burkina Faso, également meurtri par les attentats terroristes de Ouagadougou qui ont fait 30 morts le mois dernier.