Entrave à la justice : "Trump et Nixon ont fait la même erreur"

Soupçonné d'obstruction à la justice, c'est désormais la menace d'une destitution qui pèse sur Donald Trump qui fait l'objet de deux enquêtes conjointes
Soupçonné d'obstruction à la justice, c'est désormais la menace d'une destitution qui pèse sur Donald Trump qui fait l'objet de deux enquêtes conjointes © AFP
  • Copié
John Dean, conseiller à la Maison-Blanche sous la présidence Nixon, revient dans le "JDD" sur les soupçons d'obstruction à la justice qui entourent Donald Trump. 

Il fait partie de ceux qui ont contribué à la chute de Nixon, en 1974, en plein scandale du Watergate. Aujourd'hui, John Dean, 79 ans, évoque dans une interview au Journal du Dimanche les risques de destitution qu'encourt Donald Trump. Dans le passé, ce ex-conseiller juridique à la Maison-Blanche a d'abord tenté d'étouffer le scandale du Watergate, puis a finalement coopéré avec la justice pour échapper à une peine de prison. Le Journal du Dimanche rappelle que c'est son témoignage qui a permis de confondre Richard Nixon et le forcer à démissionner, plutôt que de subir une procédure de destitution. Soupçonné d'obstruction à la justice, c'est désormais la menace qui pèse sur Donald Trump qui fait l'objet de deux enquêtes conjointes, menées par une commission parlementaire et par le procureur spécial Robert Mueller sur l'affaire russe.

"Si Trump n'est pas destitué, ça serait un pur scandale !". Pas d'hésitation pour l'ex-conseiller juridique de la Maison-Blanche. "Si Trump n'est pas destitué, ce serait un pur scandale !", lance-t-il. "Il a déjà viré le chef du FBI. S'il finit par virer le procureur spécial Mueller, alors là tous les motifs d'entrave à la justice seraient réunis", explique John Dean. Lui qui est intimement convaincu que Donald Trump a "tout fait" pour faire avorter l'enquête sur la collusion avec la Russie rappelle toutefois que le président américain bénéficie d'une immunité. Il ne peut donc pas faire l'objet d'une enquête criminelle et être inculpé. "Déjà en 1973, pendant l'affaire du Watergate, les procureurs spéciaux avaient essayé de remettre en question cette disposition de la loi, mais en vain", rappelle John Dean.

Les "seconds couteaux" peuvent "dénoncer le responsable". "[Robert Mueller] a rassemblé autour de lui les meilleurs substituts et des spécialistes de l'entrave à la justice", explique John Dean. "Il lui reste quelques semaines avant de soumettre le devis budgétaire de son enquête et le ministère de la Justice n'a pas intérêt à lui refuser ce qu'il réclame, sinon le soupçon d'entrave sera encore plus fort", prévient-il précisant tout de même que le procureur spécial ne peut pas formellement inculper Donald Trump. Il reste néanmoins une autre stratégie au procureur Mueller : "S'en prendre aux seconds couteaux pour qu'ils chargent ou dénoncent le vrai responsable en tant que témoins ou exécutants". 

Des avocats qui l'ont défendu dans ses divorces. Pour un président qui risque une procédure de destitution, Donald Trump "ne s'est pas entouré de très bons avocats", s'étonne John Dean. "Il n’a gardé auprès de lui que des avocats qui l’ont défendu dans ses divorces ou dans des procès pour diffamation et aucun d’eux n’a de réelle expérience dans des affaires criminelles. Nixon aussi avait fait la même erreur", rappelle-t-il.