Un procureur spécial a été nommé mercredi aux Etats-Unis pour garantir l'indépendance de l'enquête chargée d'établir si, oui ou non, il y a eu collusion entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump. L'hypothèse d'une destitution à la Maison-Blanche est avancée. Anne Deysine, politologue et juriste, spécialiste des Etats-Unis, était l'invitée de l'émission C'est arrivé cette semaine pour analyser si l'hypothèse peut s'avérer tangible.
Des limogeages en cascade. La Russie est au centre de l'attention depuis la campagne de Donald Trump. "C'était frappant de voir comme tous les pays se faisaient critiquer, tout comme l'Otan, alors que la Russie était sur un petit nuage", rappelle la politologue. "Tous les quinze jours, et maintenant tous les jours", se sont ajoutés des épisodes appuyant la thèse de la collusion : "le limogeage du conseiller spécial à la sécurité nationale, Michael Flynn, ensuite le limogeage du ministre de la justice par intérim", Sally Yates. Enfin, le ministre de la Justice, Jeff Sessions, qui avait "dissimulé ses contacts avec les Russes" a été récusé. Depuis dix jours, il faut ajouter le départ du directeur du FBI. Un réel écrémage, avec une circonstance aggravante : dans ses tweets, le président s'est dit soulagé de son départ et aurait confié cette confidence aux Russes, reçus le lendemain du limogeage.
La nomination de ce procureur spécial vient après cette salve de départs suspects. "C'était ce que les démocrates demandaient depuis plus d'un mois. Celui qui a été nommé, Robert Mueller, est d'une intégrité totale", avance la politologue. Ce procureur possède un pouvoir de citation à comparaître, y compris pour le président. "Il peut demander tous les documents dont il a besoin. Le mandat est déjà pourri, il va continuer d'être pourri parce qu'il va falloir au moins 18 mois au procureur pour enquêter."
Une autre procédure que l'impeachment. D'autant que de nouvelles déclarations s'ajoutent aux éléments déjà suspects. D'après la spécialiste, une source montre également du doigt "non plus les proches de Donald Trump durant la campagne mais un proche conseiller à la Maison-Blanche. D'après cette source, ce serait peut-être son gendre, Jared Kushner, qui aurait aussi menti en dissimulant des contacts avec les Russes. Ce que l'on sait, c'est que ses conseillers sont terrifiés parce qu'il y un certain nombre de réunions où le président sera seul avec son interlocuteur, et là, tout peut arriver", estime Anne Deysine, qui soulève souligne l’existence d'un autre moyen de destitution que celui de l'impeachment.
"Le 25e amendement prévoit l'hypothèse où le président est 'incapacited', c'est à dire dans l’incapacité de remplir ses fonctions. A l'époque où l'amendement a été adopté, on pensait plutôt à une incapacité physique. Certaines personnes commencent à dire que son incapacité est psychique", relève Anne Deysine.