Le djihadiste français Mehdi Nemmouche, qui nie être l'auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles en 2014, pourrait mardi pour la première fois livrer "sa vérité", devant la cour d'assises qui le juge pour ce quadruple assassinat.
Le premier temps fort du procès. Cette séquence permettant à la défense de contredire l'accusation, avant l'audition des témoins, s'annonce comme le premier moment fort du procès qui doit durer jusqu'au 1er mars. Prévue sur trois jours, jusqu'à jeudi inclus, elle commence mardi à 9 heures avec une présentation par les avocats de Mehdi Nemmouche de leur stratégie de défense.
C'est le moment qu'attendent les proches des victimes. Ils espèrent que Mehdi Nemmouche va s'expliquer, elles aimeraient des aveux, des informations sur des complices éventuels, d'éventuels commanditaires ou sur l'existence de liens avec les terroristes djihadistes qui ont frappé ensuite à Paris et à Bruxelles.
Durant l'enquête, Mehdi Nemmouche, 33 ans, accusé d'avoir tué de sang-froid en moins d'une minute et demie un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du musée, a refusé de s'exprimer, faisant valoir son droit au silence.
Un complot des services secrets israéliens, selon Nemmouche. Cela fait des semaines que les avocats du Français de 33 ans affirment qu'il va donner sa vérité devant les assises. Malgré l'acte d'accusation accablant, eux clament toujours l'innocence de leur client. Il a pourtant été interpellé avec des armes, un ordinateur contenant sept vidéos de revendication dont les "voix off" correspondent à celle de l'accusé et des vêtements identiques à ceux du tueur filmé par les caméras de surveillance du musée présentant des "résidus de tir" .
Mais tout s'explique selon les conseils de Mehdi Nemmouche par un complot des services secrets israéliens. Le Mossad aurait visé le couple israélien tué dans l'entrée. Une théorie fumeuse, des allégations invraisemblables fulminent les parties civiles. "J'attends le pire, j'attends des gens qui vont nous servir des versions abracadabrantesques et là ça nous fera encore plus mal", assure Antoine Casubolo Ferro, avocat de l'Association française des Victimes du terrorisme (AFVT) au micro d'Europe 1.
Nemmouche, un "pigeon idéal", selon la défense. À l'époque des faits, le 24 mai 2014, ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs djihadistes. Et à en croire sa défense, qui a parlé de "pseudo-attentat" à propos de la tuerie antisémite, Nemmouche serait le "pigeon idéal", tombé dans "un piège" tendu par les véritables instigateurs des assassinats, désireux de brouiller les pistes.
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Pour disculper son client, Me Sébastien Courtoy a assuré détenir "plus de 40 preuves" dans un large spectre : "traces de chaussures, ADN, téléphonie, enregistrements". "C'est une épreuve évidemment d'être présent ici aujourd'hui mais c'est aussi une chance", a déclaré cet avocat réputé provocateur, au micro d'Europe 1. "Cela fait quelques années qu'il brûle d'être ici pour pouvoir s'exprimer, pour pouvoir dire sa vérité qui est la vérité qui va être démontrée. Et il est très heureux de pouvoir le faire face à un jury car un juge citoyen se place au-dessus de la raison d'État."
Des explications à donner sur ses liens avec l'EI. À partir de mardi, Nemmouche pourrait aussi être amené à s'expliquer sur son séjour en Syrie, ses liens avec l'organisation État islamique et avec plusieurs protagonistes des attentats de Paris (130 morts le 13 novembre 2015) et Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).
Il connaissait notamment le Bruxellois Najim Laachraoui, un des artificiers du 13 novembre, mort le 22 mars en kamikaze à l'aéroport de Zaventem. Nemmouche et Laachraoui ont tous deux été reconnus comme faisant partie de leurs geôliers par des journalistes français séquestrés à Alep, en Syrie, en 2013. Un dossier qui vaudra à Nemmouche un autre procès en France.