Vacillant dans la nuit de vendredi à samedi, le pouvoir turc a décidé de frapper fort pour asseoir son autorité. Depuis l'échec du coup d'état tenté par une partie de l'armée hostile au président Erdogan, le gouvernement multiplie les arrestations au sein de l'armée mais aussi de l'appareil judiciaire. D'après le ministre de la Justice turc, les autorités auraient déjà interpellé plus de 6.000 personnes. Une vague sans précédent, mais cohérente avec la politique de "purge" de l'administration menée par Erdogan depuis quelques années. Les heurts ayant cessé à l'heure actuelle, le bilan de ce putsch manqué atteint tout de même les 290 morts et les 1440 blessés. "Le grand ménage continue en ce moment. Il y a environ 6.000 personnes en garde à vue. (Ce nombre) va dépasser 6.000", a déclaré le ministre de la Justice Bekir Bozdag.
Parmi les officiers supérieurs arrêtés figurent le commandant en chef de la deuxième armée turque, Adem Huduti, l'un des plus hauts gradés du pays, mais aussi le commandant du troisième corps d'armée (basé à
Istanbul), le général Erdal Öztürk, qui sera jugé pour "trahison". La justice n'a pas été épargnée puisque le pouvoir a ordonné l'arrestation de 2.745 juges et procureurs pour leur rôle présumé dans la tentative de putsch, selon la chaîne turque NTV. La police a appréhendé en outre l'un des membres de la Cour constitutionnelle, Alparslan Altan. Au Parlement, le Premier ministre Binali Yildirim a jugé que les putschistes n'étaient "pas des soldats mais des terroristes" et a appelé toutes les formations politiques qui n'étaient pas impliquées dans le coup de force à la coopérer pour donner le coup d'envoi d'un "nouveau départ".