En Turquie, le régime a célébré samedi soir la commémoration du coup d'État manqué du 15 juillet 2016. Un mémorial pour les 249 "martyrs" tués lors de la tentative de putsch a été inauguré. Le président Recep Tayyip Erdogan n'a pas lésiné sur les symboles lors de la cérémonie. Dans le même temps, la répression se poursuit : vendredi, une nouvelle purge a conduit au limogeage de plus de 7.000 militaires et fonctionnaires.
Réécrire l'histoire de la Turquie. Les associations dénoncent un nouveau coup de force du pouvoir. "Le positionnement d'Erdogan et de son parti est extrêmement déplacé. Il n'envisage que la consolidation de sa politique. Tous ceux qui veulent avoir un mot à dire dans cette nouvelle construction du citoyen turc, de la nation turque, sont exclus, marginalisés", décrit Erol Önderoğlu, responsable de Reporters sans frontières en Turquie interrogé par Europe 1. "La politique qu'Erdogan essaye de mettre en place ne s'adresse pas à tous les citoyens de Turquie, quelle que soit leur appartenance politique ou culturelle. On essaye d'écrire une nouvelle histoire de la Turquie et le reste est qualifié de terroriste, de malfaiteur, de criminel."
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"Un autre coup d'État". Pour les spécialistes de la Turquie, les commémorations de samedi sont le signe d'un acte fondateur du nouvel État turc, tel que le conçoit Recep Erdogan. "La tentative de coup d'État est bien réelle, mais sa transformation par le pouvoir en argument de répression est aussi réelle. Le gouvernement a réussi un autre coup d'État, celui d'un régime autocratique", estime Ahmet İnsel, politologue turc, sur Europe 1. Ce qui fait craindre le pire à Erol Önderoğlu : "Si Erdogan parvient à imposer sa définition très réduite de ce qu'il qualifie comme 'patriote', cela voudra dire que la répression politique en Turquie continuera encore très longtemps".