Une journaliste et traductrice allemande jugée en Turquie pour activités "terroristes" a annoncé lundi que les autorités turques avaient levé son interdiction de sortie du territoire, une décision saluée par Berlin.
"Après un recours de mes avocats, l'interdiction de quitter le territoire à laquelle j'étais soumise a été levée. Je remercie tous ceux qui ont été à mes côtés et qui m'ont soutenue", a déclaré Mesale Tolu sur Twitter. Âgée de 34 ans, la journaliste avait l'interdiction de quitter la Turquie depuis sa mise en liberté provisoire en décembre à l'issue de huit mois en détention préventive. Son incarcération, pour "propagande" et "appartenance au Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP)", une formation interdite en Turquie car considérée comme "terroriste", avait créé des tensions entre Ankara et Berlin.
Diese Entwicklung bedeutet aber nicht, dass alles vorbei ist: Der Prozess geht am 16. Oktober weiter. pic.twitter.com/jKShflTZBv
— Meşale Tolu (@mesale_tolu) 20 août 2018
Son procès doit se tenir le 16 octobre. Mesale Tolu, qui travaillait avant son arrestation pour une petite agence de presse turque de gauche, Etkin Haber Ajansi (ETHA), risque jusqu'à 15 ans de prison lors de son procès, qui est maintenu. La prochaine audience doit se tenir le 16 octobre. L'accusation contre Mesale Tolu repose principalement sur sa présence à des manifestations et des funérailles de militants du MLKP. Les soutiens de la journaliste, qui rejette toutes les accusations, dénoncent un procès politique.B
Berlin salue "un pas vers l'amélioration" des relations germano-turques. Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas s'est déclaré "soulagé" par cette "bonne nouvelle": "il s'agit (...) d'un pas vers l'amélioration de nos relations avec la Turquie". Il a cependant ajouté qu'Ankara devait poursuivre ces efforts et que l'Allemagne allait continuer à "adopter une attitude critique à l'égard de nombreux aspects de l'État de droit en Turquie". "Cela s'applique en particulier aux cas d'emprisonnement en cours: au moins sept Allemands sont actuellement emprisonnés pour des raisons politiques que nous trouvons incompréhensibles", a-t-il affirmé dans un communiqué. Il s'agit de ressortissants germano-turcs.
Ich freue mich, dass #MesaleTolu endlich die #Türkei verlassen darf. In Sachen Rechtsstaatlichkeit bleibt der Gesprächsbedarf mit der Türkei aber weiter hoch. Unser Einsatz für die aus politischen Gründen inhaftierten Deutschen geht weiter.
— Heiko Maas (@HeikoMaas) 20 août 2018
Un précédent, avec le cas du journaliste Deniz Yücel. Avant le cas de Mesale Tolu, l'incarcération d'un autre journaliste, le Germano-Turc Deniz Yücel, avait aussi créé des tensions avec l'Allemagne. Deniz Yücel a été remis en liberté provisoire en février après plus d'un an d'incarcération. La décision en faveur de Mesale Tolu intervient à un mois d'un déplacement prévu du président turc Recep Tayyip Erdogan à Berlin, alors que la Turquie et l'Allemagne s'efforcent depuis plusieurs mois d'améliorer leurs relations.
Par ailleurs, la Turquie a multiplié ces derniers jours les signes d'apaisement en direction de l'Europe, sur fond de graves tensions entre Ankara et Washington. La semaine dernière, des tribunaux turcs ont ainsi libéré deux soldats grecs et le président d'Amnesty International en Turquie, des développements inattendus dans deux affaires qui ont alimenté les tensions avec l'Europe.