Le patron-fondateur d'Uber, Travis Kalanick, a annoncé dimanche l'ouverture d'une "enquête urgente" après des accusations d'une ancienne salariée disant avoir été victime de harcèlement sexuel et dénonçant le sexisme au sein de l'entreprise aux Etats-Unis.
Le choix entre changer de service ou avoir une mauvaise évaluation. Susan Fowler, une ingénieure ayant travaillé jusqu'à la fin d'année dernière pour le service de réservation de voiture avec chauffeur, a publié dimanche un article sur son blog personnel expliquant pourquoi elle est partie travailler ailleurs. Elle raconte avoir reçu, au tout début de sa prise de fonctions fin 2015, des propositions sexuelles d'un supérieur, et l'avoir signalé au service des ressources humaines et à des responsables hiérarchiques.
Selon elle, l'homme n'a pas été sanctionné au motif que c'était sa "première offense" et qu'il affichait "une performance élevée", tandis qu'elle s'est vue demander de choisir entre changer de service ou prendre le risque d'obtenir une mauvaise évaluation si elle conservait son poste actuel.
Une fuite des femmes du service. Elle dit avoir entendu par la suite d'autres salariées raconter des histoires similaires, affirme que les ressources humaines l'ont découragée de signaler d'autres comportements ou commentaires sexistes, et qu'on a bloqué sa promotion en modifiant sans justification ses évaluations. D'après elle, le pourcentage de femmes dans le service est passé de 25% à 3% entre son arrivée et son départ, en conséquence notamment du "sexisme au sein de l'organisation".
Pas de place pour de tels comportements chez Uber. "Ce qui est décrit ici est abominable et va à l'encontre de tout ce à quoi nous croyons. Quiconque se comporte de cette manière ou pense que c'est OK sera renvoyé", a réagi Travis Kalanick dans un message sur Twitter. "J'ai demandé à notre responsable en chef des ressources humaines Liane (Hornsey) de mener une enquête urgente. Il n'y a absolument pas de place pour ce type de comportement chez Uber", a-t-il ajouté.
La Silicon Valley serait sexiste. L'affaire est susceptible de relancer les débats sur le sexisme supposé de la Silicon Valley, dont Ellen Pao était devenue un symbole il y a quelques années en intentant (et perdant) un procès pour discrimination contre son ex-employeur, KPBC, une société de capital-risque devenue célèbre en investissant dans des groupes comme Facebook, Amazon ou Google. Le secteur technologique américain est régulièrement critiqué pour son manque de diversité sociale. Comme les noirs et les hispaniques, les femmes sont sous-représentées parmi ses salariés comparés à leur part dans la population.