Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réclamé vendredi que soit versée à son pays "la totalité des fonds" européens, dont des milliards d'euros restent bloqués, avant d'envisager éventuellement de lever son veto à une nouvelle aide en faveur de l'Ukraine. "J'ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l'UE (...), la Hongrie saisirait l'occasion pour revendiquer clairement ce qu'elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité", a déclaré le dirigeant nationaliste dans un entretien à la radio d'État.
50 milliards d'euros d'aides bloqués
Il a renvoyé l'échéance en février, date d'un prochain sommet extraordinaire. "On devrait alors avoir une meilleure idée de ce qui se passe avec les fonds", a-t-il affirmé. Les dirigeants de l'Union européenne réunis à Bruxelles ont échoué dans la nuit de jeudi à vendredi à convaincre la Hongrie de lever son veto. L'UE avait prévu d'accorder à l'Ukraine une aide de 50 milliards d'euros, 33 milliards de prêts et 17 milliards d'euros de dons, sur quatre ans à compter de l'an prochain.
Cette nouvelle tranche est jugée cruciale à Kiev au moment où un financement américain de plus de 60 milliards de dollars reste bloqué au Congrès en raison de réticences d'élus républicains. "Nous voulons être traités de manière équitable, et maintenant nous avons une bonne chance de faire valoir notre point de vue", a estimé Viktor Orban.
Ouverture de négociations d'adhésion à l'Ukraine
La Commission a annoncé mercredi le déblocage de quelque 10 milliards d'euros pour la Hongrie. Mais 21 milliards restent gelés par l'UE dans le cadre de différentes procédures, en raison des manquements à l'État de droit reprochés à Budapest. Le Premier ministre hongrois a en revanche accepté jeudi de ne pas bloquer l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Ukraine. Il s'est abstenu et a quitté la salle au moment du vote.
Les 26 autres membres "ont avancé un argument décisif : la Hongrie n'avait rien à perdre, étant donné que le mot final revient aux parlements nationaux", a expliqué Viktor Orban. "Et d'ici là, c'est un long, très long processus, avec au moins 75 autres occasions pour stopper le processus", a-t-il ajouté, répétant qu'il s'agissait à ses yeux d'une "mauvaise décision que la Hongrie ne voulait pas avoir sur la conscience".