Alors que Kiev vit depuis deux jours dans un calme relatif avec un cessez-le-feu bien respecté le jeudi 9 mars, malgré des alertes aériennes et des passages d’avions, les habitants qui sont restés recommencent à sortir dans une atmosphère de vie suspendue.
"Je crois en ma force"
Depuis deux jours, les cessez-le-feu et couloirs humanitaires ont ramené un certain calme dans la capitale ukrainienne. Les habitants en profitent pour sortir des caves où ils s'abritent depuis deux semaines. A Khreshchatyk, les Champs-Elysées de Kiev, la foule est de retour. Des corbeaux, un feu de circulation qui parle et plus d'une dizaine de voitures pour six voies à portée de regard. Près d'une vingtaine de personnes se déplacent sur plus d'un kilomètre. Sur le chemin, Serguei, habitant de Kiev, revient de faire ses courses : "de la farine, du lait et des médicaments", énumère-t-il au micro d'Europe 1. "pour la viande, c'est plus difficile, mais ça se trouve. L'essentiel, c'est le pain, et il y en encore. C'est terrible mais la vie continue en tout cas", poursuit-t-il.
Les chiens d'Eleonora continuent de tirer sur les laisses, aussi incorrigibles que leur maîtresse : "il y a les sirènes mais je vais me promener. Les bombes peuvent voler mais je vais promener mes chiens", explique-t-elle. "Bien sûr, j'ai peur. Seuls les imbéciles n'ont pas peur. Mais vous savez, je crois en ma force. Je sais ce que j'ai en moi, je sais de quoi je suis capable, que je peux résister à ces épreuves. J'ai cette foi pour croire que cela se terminera bien. En fin de compte, tout ira bien", poursuit-elle.
" Je suis sorti travailler"
Un autre a craqué également et a sorti son vélo dans le froid, sans gants : "je suis sorti travailler, faire des livraisons, j'en avais marre de cette situation", confie-t-il. Les sacs pleins de draps et de serviettes, Irina et sa fille, ont pour projet de s'éloigner :"on quitte l'abri du métro et on rentre à la maison. Ça fait plusieurs nuits que c'est calme. On va partir à la campagne", raconte Irina. Les quatorze autres passants se sont dispersés. L'impertinence face à la guerre a ses limites, comme ces cessez-le-feu si fragiles.