Au moins 17 personnes ont été tuées dimanche dans des bombardements sur la ville de Zaporijjia (sud de l'Ukraine), trois jours après de précédentes frappes qui avaient fait 17 morts, a-t-on appris de source officielle. "Après une attaque nocturne de missiles sur Zaporijjia (...), 17 personnes sont mortes", selon un premier bilan, a déclaré Anatoliy Kourtev, secrétaire du conseil municipal de la ville, sur son compte Telegram.
La centrale nucléaire de Zaporijjia est au centre d'un bras de fer depuis des mois dans le sud de l'Ukraine, qui a nécessité son arrêt, a de nouveau perdu sa source d'alimentation électrique externe en raison de bombardements et s'appuie sur des générateurs d'urgence, a alerté samedi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dont une mission est sur place.
Les frappes ont touché des maisons et des immeubles d'habitation de plusieurs étages, a-t-il précisé. Jeudi, la ville avait déjà été la cible de sept missiles au petit matin, tuant dix-sept personnes. Les frappes de dimanche interviennent au lendemain d'une énorme explosion, attribuée par Moscou à un camion piégé, sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbolique reliant la Russie à la péninsule annexée en 2014 au détriment de l'Ukraine.
Les principales informations :
- Au moins 17 morts dans des bombardements à Zaporijja
- Si le pont de Crimée a rouvert, Poutine accuse les services secrets ukrainiens d'être à l'origine de l'explosion
- Vladimir Poutine a annoncé réunir son Conseil de Sécurité lundi 10 octobre
- La Russie dénonce des tirs ukrainiens de plus en plus nombreux sur son territoire
Poutine réunira son Conseil de sécurité dès lundi
Le président russe Vladimir Poutine réunira lundi son Conseil de sécurité, un format rassemblant les principaux ministres, responsables politiques et représentants des services de sécurité et de l'armée, a annoncé dimanche le Kremlin aux agences russes.
"Une réunion du président avec les membres permanents du Conseil de sécurité est prévue demain", a indiqué le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov. Si le président russe tient régulièrement de telles rencontres, celle-ci interviendra deux jours après l'explosion ayant endommagé le pont de Crimée, une infrastructure clé.
Réouverture du pont de Crimée
Le pont de Crimée a rouvert à la circulation routière et ferroviaire après avoir été partiellement détruit samedi par une énorme explosion attribuée par Moscou à un camion piégé. "Le trafic ferroviaire sur le pont de Crimée a été totalement rétabli", a affirmé à la presse le vice-Premier ministre russe Marat Khousnoulline, selon l'agence Ria Novosti, sans précision horaire.
"Tous les trains programmés vont passer en totalité", a-t-il ajouté. Il a précisé sur son compte Telegram que cette reprise concernait aussi bien "les trains de passagers que de marchandises". "Nous avons les capacités techniques pour cela", a-t-il assuré.
Un opérateur de la ligne ferroviaire avait annoncé quelques heures plus tôt que deux trains étaient déjà partis en direction de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Les autorités de Crimée avaient annoncé dans l'après-midi que la circulation avait repris pour les voitures et les bus sur la seule voie routière du pont restée intacte. Ce qu'a confirmé Marat Khousnoulline, précisant que la seconde voie serait de nouveau opérationnelle "dans un proche avenir" et que les conclusions des observations menées samedi sur les parties endommagées seraient connues dimanche.
Des ferries vont prendre le relais, notamment pour la traversée des poids-lourds. "Nous ne prévoyons pas de pénurie", a relevé le vice-Premier ministre. L'agence de presse russe Tass avait indiqué plus tôt que la circulation ferroviaire avait totalement repris pour les passagers et les marchandises mais avec des retards.
Trois morts
Des images de vidéosurveillance diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une puissante explosion au moment où plusieurs véhicules circulaient sur le pont, dont un camion que les autorités russes soupçonnent d'être à l'origine de la déflagration. Sur d'autres clichés, on peut voir un convoi de wagons citernes en flammes sur la partie ferroviaire du pont, et deux travées d'une des deux voies routières effondrées.
Selon les enquêteurs, l'attaque survenue au petit matin a fait trois morts: le conducteur du camion et deux personnes --un homme et une femme-- qui circulaient en voiture à proximité de la déflagration et dont les corps ont été sortis des eaux. Après avoir pu sembler, par un tweet ironique samedi matin, reconnaître à mi-mots une attaque ukrainienne, le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak a renvoyé plus tard vers une "piste russe".
Dans son adresse du soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est contenté de dire, en évoquant la péninsule annexée: "Malheureusement, c'était nuageux en Crimée", sans parler de l'explosion. Le Comité d'enquête a affirmé avoir établi l'identité du propriétaire du camion piégé, un habitant de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, et que des investigations étaient en cours.
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Ce pont en béton, construit à grands frais sur ordre de Vladimir Poutine pour relier la péninsule annexée au territoire russe, sert notamment au transport d'équipements militaires de l'armée russe combattant en Ukraine. Si l'Ukraine est à l'origine de l'incendie et de l'explosion sur le pont de Crimée, le fait qu'une infrastructure aussi cruciale et aussi loin du front puisse être endommagée par les forces ukrainiennes serait un camouflet pour Moscou.
"Nature terroriste"
"La Crimée. Le pont. Le commencement. Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être rendu à l'Ukraine", avait commenté dans la matinée M. Podoliak. Dans un communiqué diffusé plus tard par la présidence, il a cependant attribué l'explosion à une lutte interne entre le FSB et l'armée russe.
"Il convient de noter que le camion qui a explosé, selon toutes les indications, est entré sur le pont depuis le côté russe. C'est donc en Russie qu'il faut chercher les réponses (...) tout cela indique clairement une piste russe", a-t-il déclaré. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a considéré cependant que les réactions à Kiev montraient la "nature terroriste" des autorités ukrainiennes.
L'armée russe, en difficulté sur le front de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a assuré que l'approvisionnement de ses troupes n'était pas menacé: "Le ravitaillement (...) s'effectue de manière continue et complète, le long d'un couloir terrestre et partiellement par voie maritime". L'Ukraine a frappé plusieurs ponts dans la région de Kherson ces derniers mois afin de perturber l'approvisionnement russe, ainsi que des bases militaires en Crimée, des attaques pour lesquelles elle n'a reconnu de responsabilité que plusieurs mois plus tard.
Si Moscou s'est pour le moment gardé d'accuser directement l'Ukraine, le chef du Parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov, a dénoncé un coup "des vandales ukrainiens". Le dirigeant de la péninsule Sergueï Aksionov s'est efforcé de rassurer en affirmant que la Crimée disposait de réserves de carburant pour un mois et de nourriture pour deux mois.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a accusé dimanche les services secrets ukrainiens d'être à l'origine de la puissante explosion qui a endommagé la veille le pont de Crimée, qu'il a qualifiée "d'acte terroriste" contre une infrastructure clé. "Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens", a déclaré M. Poutine lors d'une réunion avec le chef du Comité d'enquête russe, cité par les agences de presse russes.
Nouveau commandant
La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine mais elle a menacé par le passé Kiev de représailles si les forces ukrainiennes attaquaient cette infrastructure ou d'autres en Crimée. Depuis début septembre, les forces russes ont été obligées de reculer sur de nombreux points du front. Elles ont notamment dû se retirer de la région de Kharkiv (nord-est) et de reculer dans celle de Kherson.
Confronté à une armée ukrainienne galvanisée et forte des approvisionnements en armes occidentales, Vladimir Poutine a décrété fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes et l'annexion de quatre régions ukrainiennes bien que Moscou ne les contrôle que partiellement.
Signe du mécontentement en haut lieu sur la conduite des opérations, Moscou a annoncé samedi avoir nommé un nouvel homme à la tête de son "opération militaire spéciale" en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, 55 ans. Enfin, la centrale nucléaire de Zaporijjia, au centre d'un bras de fer depuis des mois dans le sud de l'Ukraine, qui a nécessité son arrêt, a de nouveau perdu sa source d'alimentation électrique externe en raison de bombardements et s'appuie sur des générateurs d'urgence, a alerté samedi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dont une mission est sur place.
Le bilan des bombardements jeudi sur la ville éponyme s'est alourdi, a indiqué tard samedi soir le service d'urgence ukrainien, annonçant au moins 17 morts.
La Russie dénonce une "augmentation considérable" des tirs ukrainiens sur son territoire
Les services de sécurité russes (FSB) ont dénoncé dimanche une "augmentation considérable" des tirs ukrainiens visant des territoires russes frontaliers de l'Ukraine, dans lesquels une personne a été tuée et cinq blessées au cours de la semaine écoulée.
"Depuis début octobre, le nombre d'attaques de la part de formations armées ukrainiennes contre les territoires frontaliers de Russie a considérablement augmenté", a indiqué dans un communiqué le FSB, qui a aussi sous sa charge le contrôle des frontières.