La campagne, l'innocence, la guerre. Dans le village de Rlomovétrois, à six kilomètres de ligne de front, la vie se fait au rythme des bombardements russes sur l'Ukraine. Liubov a 70 ans et exerce la profession de paysanne depuis toujours. Depuis trois mois, elle est experte en tir. "Le pire, ce sont les arrivées, ça fait boum. Et les dégâts qu'on s'attire, comme les Katioucha. Ah, voilà ! N'aies pas peur. Après les tirs, ce sont les Smertch, mais rien de grave. Ce n'est pas pour nous, ce n'est pas dangereux pour nous. C'est dangereux pour eux là bas, les Russes."
Pendant qu'une autre mélodie d'artillerie se fait entendre, c'est le quotidien qui s'impose. Un quotidien devenu difficile, car certaines denrées sont devenues rares. "Le camion d'eau !", s'exclame Liubov. "Depuis une semaine, l'eau est coupée et il n'y a plus de courant."
Certains habitants renoncent aux provisions d'eau
Le camion-citerne passe et il ne faut pas le rater. Un litre d'eau coûte 1,50 hryvnia, soit environ 0,03 euros. Une somme onéreuse pour les paysans, alors un homme du village y renonce discrètement. "Allez les filles, faites plus vite", lance la vendeuse, qui ne veut pas s'attarder. Si elle veut aider les habitants de Rlomovétrois, elle veut aussi s'en éloigner.
Seule l'incroyable Liubov profite de sa place au premier rang. "Vous les voyez s'envoler ? Parce que moi, je vois mal."