Ces Ukrainiens qui apprennent le maniement des armes face à la menace russe

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À Kharkiv, à 40 kilomètres de la frontière, certains civils ukrainiens assistent à un cours sur les mines. © MARION GAUTHIER / EUROPE 1
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Marion Gauthier, édité par Laura Laplaud , modifié à
En Europe de l'Est, la tension ne descend pas. Plus de 100.000 soldats russes sont toujours massés à la frontière entre l'Ukraine et la Russie. Moscou reste inflexible face aux déclarations occidentales qui s'enchaînent, laissant ainsi planer la menace d'une invasion. Déjà, les civils ukrainiens se préparent à la guerre et rejoignent les rangs des militaires. Marion Gauthier, l'envoyée spéciale d'Europe 1 dans la région, raconte la situation sur place.

L'Ukraine continue d'attendre. Attendre que la Russie clarifie ses intentions. Attendre la paix, enfin, ou la guerre, peut-être. Plus de 100.000 soldats russes sont toujours massés à la frontière. Et Moscou laisse encore planer la menace d'une invasion. Mais sur place, tout le monde n'est pas résigné à attendre sans rien faire, loin de là. Comme l'a constatée notre envoyée spéciale, de nombreux civils ukrainiens se préparent à la guerre. Reportage.

À Kharkiv, à 40 kilomètres de la frontière, une centaine d'hommes en treillis, la main sur le cœur, ont la mâchoire serrée. Au son de l'hymne ukrainien, Radionne, 20 ans, vit son premier jour dans les rangs militaires. L'air juvénile et le corps trop maigre pour son uniforme, il sait monter et démonter une kalachnikov. Mais le jeune homme n'a encore jamais appuyé sur la détente. "Il y a deux options en cas d’invasion : courir ou résister", glisse-t-il. "J'ai décidé que j’allais résister. Je ne peux pas quitter ma ville natale et tout ce qui m'est cher et laisser les chars russes rouler tranquillement dans ces rues", confie-t-il encore.

"La guerre peut venir jusqu’à chez moi, je n'ai plus peur"

À Kharkiv, ces hommes peuvent aussi suivre des leçons théoriques sur les mines. Un cours fait d'ailleurs sursauter l'assistance, mais Vladimir, un père célibataire à la barbe grisonnante, reste de marbre. Sur son dos, l'uniforme d'un ami blessé au combat. "Depuis huit ans, je sais que la guerre peut venir jusqu’à chez moi. Aujourd’hui je n'ai plus peur", s'exclame-t-il.

"En 2014 et 2015, c'était effrayant, très effrayant, mais cette peur s'est transformée en une ferme volonté de me défendre", certifie Vladimir.

Il faut savoir monter son arme en 25 secondes, la démonter en 17 secondes

© Marion Gauthier

De plus en plus de civils s'inscrivent dans ce type de formations. "Un grand pourcentage de la population est prêt à se défendre activement ! Les gens comprennent qu'il y a une menace d'invasion", clame un capitaine de l'armée. Ici, les nouveaux combattants apprennent à monter une arme en 25 secondes, à la démonter en 17 secondes. Même s'ils espèrent n'avoir jamais à le faire, ils préfèrent se tenir prêt.