L'armée russe a annoncé samedi "s'être retirée" de la ville de Lyman, un important nœud ferroviaire dans l'est de l'Ukraine que les soldats ukrainiens avaient déclaré "encercler" ces dernières heures. "Menacées de se faire encercler, les troupes alliées ont été retirées de Lyman vers des lignes plus favorables", a indiqué dans un communiqué le ministère russe de la Défense. Plus tôt, les Ukrainiens avaient, eux, affirmé "entrer" dans Lyman, située dans la région de Donetsk, annexée vendredi par Moscou.
Vers une victoire clé des forces ukrainiennes
L'armée ukrainienne est entrée samedi dans Lyman, ville stratégique de l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, dont l'annexion la veille par Moscou a été fermement condamnée par Kiev et des Occidentaux. Kiev a également condamné la "détention illégale" du patron de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), Igor Mourachov, arrêté pour une raison encore inconnue vendredi par la Russie qui contrôle le site. L'annonce a été faite en milieu d'après-midi: "Les forces d'assaut aériennes ukrainiennes entrent dans Lyman, dans la région de Donetsk", a indiqué sur Twitter le ministère ukrainien de la Défense.
Dans une vidéo d'une minute qui accompagne le message, on aperçoit deux soldats ukrainiens agiter puis accrocher le drapeau national bleu clair et jaune à côté du panneau "Lyman", à l'entrée de la ville. "Nous déployons notre drapeau national et le posons sur notre territoire. Lyman fera toujours partie de l'Ukraine", affirme l'un des deux militaires, sourire aux lèvres.
"Menacées de se faire encercler, les troupes alliées ont été retirées de Lyman vers des lignes plus favorables", a de son côté indiqué dans un communiqué le ministère russe de la Défense. Selon un porte-parole, "environ 5.000-5.500 Russes" étaient retranchés dans et autour de Lyman ces derniers jours. La prise entière de Lyman serait une victoire clé pour Kiev, avec la conquête de cet important nœud ferroviaire dans la région de Donetsk, annexée vendredi par la Russie.
Une région annexée par la Russie
À la suite de l'annexion de quatre régions ukrainiennes par Moscou, Kiev a annoncé saisir la Cour internationale de justice (CIJ), "exhortant la Cour à se saisir du dossier le plus vite possible". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a aussi annoncé qu'il allait "signer la candidature de l'Ukraine en vue d'une adhésion accélérée à l'Otan", une décision soutenue par les États-Unis et le Canada.
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"Nous soutenons fermement l'entrée dans l'Otan de pays qui souhaitent y adhérer et qui peuvent y apporter leurs capacités", a déclaré le secrétaire d'État américain Antony Blinken, tout en rappelant "le processus à suivre" pour les États candidats. Vendredi soir, le président russe Vladimir Poutine avait de son côté conclu une journée de cérémonies pour l'annexion des territoires ukrainiens. "La victoire sera à nous", a-t-il lancé, micro en main, devant plusieurs milliers de personnes réunies pour un concert festif sur la place Rouge à Moscou.
Une "détention illégale" de la région selon Kiev
Les dirigeants des pays de l'Union européenne ont publié vendredi une déclaration "rejetant" et "condamnant" l'"annexion illégale" de quatre régions ukrainiennes. L'Otan a dénoncé une annexion "illégitime", tandis qu'à New York le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné une résolution condamnant les "pseudo-annexions" en Ukraine, qui a immédiatement été bloquée par un veto de la Russie. Le président américain Joe Biden a lui juré que les États-Unis et leurs alliés ne se laisseraient pas "intimider" par le Vladimir Poutine.
Les récents succès militaires côté ukrainien ont par ailleurs poussé le président russe a décréter une mobilisation "partielle" de centaines de milliers de réservistes civils, pour tenter d'endiguer la dynamique de Kiev. Sur le terrain, 22 civils dont 10 enfants ont été retrouvés morts, tués par balles, dans la région de Kharkiv (nord-est de l'Ukraine), selon le parquet ukrainien samedi. L'AFP avait vu au moins 11 personnes sans vie vendredi sur le site.
L'Ukraine a par ailleurs condamné la "détention illégale" du directeur général de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), Igor Mourachov, arrêté pour une raison encore inconnue vendredi par la Russie qui contrôle le site. Kiev a appelé à sa "libération immédiate" face à "un nouvel acte de terrorisme d'État de la part de la Russie".
Selon le patron de l'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom, Petro Kotine, Igor Mourachov a été interpellé par une "patrouille russe" vers 16h00 (13h00 GMT) alors qu'il se rendait depuis la centrale vers la ville d'Ernogodar, contrôlée par les Russes. Toujours selon lui, le véhicule transportant le directeur de la centrale a été stoppé et ce dernier a été extrait de la voiture puis "conduit, les yeux bandés, vers une destination inconnue". Le sort de Igor Mourachov n'était pas connu samedi dans l'après-midi.