Les bombardements ont continué dans la nuit de mercredi à jeudi sur la ligne de front en Ukraine, y compris non loin de la centrale nucléaire de Zaporijjia qui sera dans la journée au menu d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. A Nikopol, dans le sud-est, à une centaine de km de la centrale de Zaporijjia, qui se trouve de l'autre côté du fleuve Dniepr, le gouverneur Valentyn Reznichenko a rapporté sur son compte Telegram trois morts et neuf blessés dans des bombardements russes nocturnes avec des lance-roquettes multiples Grad.
Dans le Donbass, dans l'est, le chef de l'administration militaire de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a annoncé sur Telegram jeudi matin que 11 civils avaient été tués sur les dernières 24 heures: six à Bakhmout, trois à Soledar, un à Krasnogorivka et un à Avdiïvka. Les forces russes, qui pilonnent sans cesse la ville de Soledar, tentent d'en chasser l'armée ukrainienne afin d'avancer vers la ville voisine, plus grande, de Bakhmout. L'avancée russe, réelle, est très lente et la guerre s'est transformée en duel d'artillerie entre deux armées retranchées autour de quelques localités. En Lettonie, le parlement a adopté mercredi une déclaration qualifiant la Russie d'"État soutenant le terrorisme" et "les violences russes à l'encontre des civils ukrainiens" de "génocide ciblé".
"Sûreté nucléaire"
La réunion convoquée jeudi après-midi à l'ONU à la demande de la Russie examinera la situation sécuritaire du site nucléaire de Zaporijjia, le plus grand d'Europe, qui inquiète la communauté internationale. Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de l'avoir bombardée la semaine dernière, sans qu'il soit possible de vérifier ces déclarations de source indépendante. Des bombardements meurtriers avaient eu lieu non loin de la centrale dans la nuit de mardi à mercredi, selon les autorités ukrainiennes, qui ont déploré 13 tués dans la région de Dniepropetrovsk et un autre dans celle de Zaporijjia.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a indiqué dans un communiqué que son directeur général, Rafael Grossi, informerait le Conseil de sécurité de l'ONU "de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires" à la centrale, ainsi que de ses "efforts pour convenir d'une mission d'experts de l'AIEA sur le site dès que possible". L'AIEA a déclaré que son rapport détaillerait la manière dont les bombardements sur le site la semaine dernière "ont violé pratiquement tous les sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires" que M. Grossi avait décrits au début du conflit.
Mercredi, le groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) avait exigé que "la Russie rende immédiatement à son propriétaire souverain légitime, l'Ukraine, le contrôle total de la centrale". "C'est le contrôle continu de la centrale par la Russie qui met la région en danger", a-t-il estimé. Mardi soir, l'opérateur ukrainien Energoatom avait affirmé que les forces russes préparaient le raccordement de la centrale à la Crimée, presqu'île du sud de l'Ukraine annexée par Moscou en 2014 et en première ligne dans l'offensive russe contre l'Ukraine déclenchée le 24 février, et l'endommageaient volontairement en procédant à cette réorientation de la production électrique.
Crimée dans le viseur
La Crimée reste dans le viseur des Ukrainiennes : mardi soir, le président Volodymyr Zelensky avait déclaré qu'elle était "ukrainienne" et que Kiev "ne l'abandonnerait jamais". De puissantes explosions avaient ravagé mardi un dépôt de munitions sur un aérodrome militaire russe de Crimée, faisant au moins un mort et plusieurs blessés et provoquant la panique parmi les milliers de touristes russes en vacances dans la péninsule. L'armée russe a affirmé qu'aucun tir ni bombardement n'avait été à l'origine de ces déflagrations.
De son côté, Kiev n'a pas reconnu officiellement sa responsabilité dans l'incident, mais un conseiller de la présidence, Mikhaïlo Podoliak, avait assuré sur Twitter mardi que "ce n'est que le début", car selon lui "l'avenir de la Crimée est d'être une perle de la mer Noire (...), pas une base militaire pour des terroristes". Sur le plan financier, l'Ukraine a obtenu de la part de ses créanciers internationaux un moratoire de deux ans sur sa dette extérieure, évaluée à 20 milliards de dollars, a annoncé son Premier ministre Denys Chmygal.
"Cela permet à l'Ukraine de maintenir la stabilité macro-financière et de renforcer la viabilité économique", s'est-il félicité mercredi soir sur Twitter. L'économie ukrainienne s'est effondrée depuis le début de la guerre avec la Russie lancée le 24 février, et pourrait voir son PIB plonger de 45% cette année, selon les dernières estimations de la Banque mondiale.