Kiev a jugé ce samedi que l'Occident était sur la voie d'une "victoire commune" sur la Russie au lendemain de la reprise de la ville de Kherson, épisode salué comme un "jour historique" par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'hymne national ukrainien a retenti dans cette ville du sud de l'Ukraine, vendredi, après que les troupes russes s'en furent retirées. Kherson avait été la première grande ville à tomber après l'invasion russe déclenchée fin février dernier.
A l'époque, "très peu de gens croyaient que l'Ukraine survivrait", a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken en marge d'un sommet de l'Asie du Sud-Est à Phnom Penh. "Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons l'emporter et chasser la Russie d'Ukraine. Nous sommes sur la bonne voie", a déclaré Dmytro Kuleba, "et notre victoire sera notre victoire commune".
"Un nouvel échec stratégique" de Moscou
Le retrait russe de Kherson marque "un nouvel échec stratégique" de la part de Moscou, s'est réjoui pour sa part le ministre de la Défense britannique Ben Wallace dans un communiqué publié ce samedi. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a qualifié de "victoire extraordinaire", "tout à fait remarquable", la reprise de la ville par l'armée de Kiev. "Aujourd'hui est un jour historique. Nous reprenons le sud du pays, nous reprenons Kherson", s'était félicité Volodymyr Zelensky vendredi soir dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.
"Les forces spéciales sont déjà dans la ville", a-t-il ajouté, précisant que leur premier travail allait être de neutraliser les nombreuses mines laissées par l'armée russe, qui occupait Kherson depuis la mi-mars. Une vidéo postée sur Telegram par Volodymyr Zelensky, présentée comme venant de Kherson, montrait des militaires ukrainiens se disant de la "28e brigade" acclamés dans la nuit par une foule scandant "V-C-U", l'acronyme des forces armées ukrainiennes.
L'Ukraine est "en train de gagner des batailles sur le terrain. Mais la guerre continue", a néanmoins déclaré Dmytro Kuleba à Antony Blinken, qui a salué le "courage remarquable" des militaires et du peuple ukrainiens et promis le soutien de son pays "aussi longtemps qu'il le faudra" pour vaincre la Russie.
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30.000 soldats russes retirés de la rive occidentale du Dniepr
Ce repli russe est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février dernier. La Russie avait dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre. Vendredi soir, sur l'emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale ont fêté la nouvelle dans la liesse.
"Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j'ai vécu toute ma vie", dit les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues. "Quand ils (les Russes) sont arrivés, c'était l'horreur, on ne savait pas ce qu'il se passerait le jour d'après, si on resterait en vie", témoigne la lycéenne de 17 ans, qui se dit "en état de choc". Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé "le redéploiement" de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire.
Selon Moscou, "plus de 30.000" soldats russes et "près de 5.000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés" de la rive occidentale du Dniepr. Ce repli a toutefois tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson. Cette dernière, malgré le retrait, reste "un sujet de la Fédération de Russie", a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Il ne peut y avoir aucun changement", a-t-il ajouté, dans le premier commentaire de la présidence russe sur ce repli.
"Une guerre énorme et insupportable pour le reste du monde"
A l'approche du G20, sommet des puissances économiques mondiales prévu la semaine prochaine en Indonésie et où Vladimir Poutine a renoncé à se rendre, la présidence française a voulu voir la possibilité d'un dialogue. "Il y a un espace très clair au G20 pour porter un message de paix et demander à la Russie d'entrer dans la logique de désescalade", a affirmé un conseiller du président Emmanuel Macron. "Une très grande majorité au sein du club (du G20) considère que cette guerre est énorme et insupportable pour le reste du monde".
Interrogé ce samedi sur les informations selon lesquelles Washington aurait commencé à faire pression sur Volodymyr Zelensky pour qu'il envisage des négociations avec Moscou, Jake Sullivan a remarqué que la Russie continuait à avoir des "revendications farfelues" sur le territoire de son voisin. "L'Ukraine est le parti de la paix dans ce conflit et la Russie est le parti de la guerre" et "notre position reste la même que par le passé et fondamentalement, elle est en étroite consultation et en soutien du président Zelensky", a dit Jake Sullivan, jugeant que "si l'Ukraine choisissait d'arrêter de se battre [...] ce serait la fin de l'Ukraine".
Volodymyr Zelensky a répété cette semaine que la première condition pour une négociation était le retrait complet des troupes russes, entrées le 24 février en Ukraine.