La quantité de céréales destinées à l'exportation et bloquées en Ukraine en raison de la guerre pourrait tripler d'"ici à l'automne" pour atteindre 75 millions de tonnes, a alerté lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées et cet automne ce chiffre pourrait augmenter à 70-75 millions de tonnes", a déclaré à la presse le président ukrainien dont le pays était le quatrième exportateur mondial de blé et de maïs avant l'invasion russe.
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Plusieurs discussions en cours entre les États
"Nous avons besoin de couloirs maritimes et nous en discutons avec la Turquie et le Royaume-Uni" ainsi qu'avec l'ONU, a précisé le président ukrainien en ajoutant que les exportations par la mer permettent d'exporter 10 millions de tonnes par mois. L'Ukraine discute aussi avec la Pologne et les pays Baltes pour exporter de petites quantité de céréales par les chemins de fer, a-t-il ajouté. "Nous devons pouvoir exporter les céréales et je pense qu'on va le faire", a-t-il déclaré.
Le président russe Vladimir Poutine a assuré la semaine dernière qu'il n'y avait "pas de problèmes pour exporter les céréales d'Ukraine" évoquant des moyens d'exporter à partir de ports ukrainiens, d'autres sous contrôle russe ou via l'Europe centrale et orientale. L'Ukraine qui accuse la Russie de bloquer ses ports rejette ces solutions. "On ne peut pas faire confiance à Poutine", a écrit lundi sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba en réagissant aux promesses de Moscou de ne pas attaquer le port d'Odessa.
L'Ukraine et la Russie, deux superpuissance céréalières
Le conflit russo-ukrainien oppose depuis le 24 février deux superpuissances céréalières - la Russie et l'Ukraine assurent à elles deux 30% des exportations mondiales de blé. Il a provoqué une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux atteints pendant les printemps arabes de 2011 et "les émeutes de la faim" de 2008.
L'Ukraine était en passe juste avant la guerre de devenir le troisième exportateur mondial de blé et assurait à elle seule la moitié du commerce mondial de graines et d'huile de tournesol. L'ONU craint "un ouragan de famines", essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d'Ukraine ou de Russie. Pour la saison 2021/22, l'Ukraine a exporté 20 millions de tonnes de blé et 27,5 millions de tonnes de maïs, selon le rapport de WASDE (World Argicultural Supply and Demand Estimates) du ministère américain de l'Agriculture.