Après sept mois d'une guerre qui lui semblait lointaine, la population russe semble prendre conscience de la réalité. Mardi, les nouvelles menaces nucléaires de Vladimir Poutine contre l'Occident, mais aussi et surtout la mobilisation de 300.000 réservistes russes ont entraîné un grand exode. Des milliers de jeunes ont tenté de fuir le pays vers la Turquie ou toute autre destination sans visa. Dans plusieurs villes, des manifestations improvisées contre la guerre ont entraîné l'arrestation de plus de 1.000 personnes.
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— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) September 21, 2022
Une manifestation est en train d'avoir lieu ce soir à Moscou, sur la rue piétonne d'Arbat, pour protester contre la mobilisation.
Les manifestants scandent « Non à la guerre ».pic.twitter.com/nslGp7SWpr
Éviter de diffuser l'image d'une Russie affaiblie
Ces mobilisations peuvent devenir un problème pour Vladimir Poutine, car pour la première fois, les manifestations ne se sont pas cantonnées à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Elles ont touché des dizaines de villes, même au-delà de la Sibérie. Cette répression montre que les autorités ne sont pas sereines. Elles veulent étouffer rapidement toute idée de protestation et faire disparaître les images qui brouillent par la réalité l'illusion imposée par la propagande.
Pour le Kremlin, maîtriser ce genre de mouvement est essentiel, parce que la mobilisation partielle va rimer avec recrutement dans la Russie de l'Ouest. Ce ne sont donc plus seulement les régions situées au-delà de l'Oural qui vont enterrer des morts.
500.000 hommes nécessaires pour renverser l'Ukraine
Avec l'envoi de 300.000 hommes, la Russie a dressé le bon diagnostic militaire. "Il ne peut pas passer parce qu'il n'a pas de soldats, mais il possède les armements", explique un soldat ukrainien présent sur le front du Donbass. Les Russes ont donc plein de matériel, mais personne pour s'en servir.
Avec 300.000 hommes de plus et si le Kremlin résout les problèmes logistiques, comme l'équipement, le transport ou la nourriture, la donne peut changer. D'après un membre des renseignements ukrainiens, le chiffre référence pour pouvoir opérer efficacement sur un front aussi étendu, est à peu près de 500.000 soldats disponibles. En théorie, la Russie y arriverait avec l'annonce de la mobilisation partielle. En théorie, car il faut retirer les pertes de sept mois de guerre et puis réussir à mettre la main sur les réservistes.