"La victoire sera à nous en Ukraine comme en 1945." Comparaison signée Vladimir Poutine, le maître du Kremlin, plus confiant que jamais alors que la Russie célèbre ce lundi la défaite de l'Allemagne nazie à Moscou. Un défilé de chars et d'avions militaires est prévu, on y verra notamment le fameux Iliouchine 80, l'avion de l'Apocalypse qui embarquerait l'état-major russe en cas de guerre nucléaire. Moscou veut montrer qu'elle peut assumer ses menaces. Et ce 9 mai est la date idéale pour s'assurer du soutien de sa population.
"Une fête nationale pour réunir et unifier toute la société russe"
Cette date symbolique est fondamentale dans la politique de Vladimir Poutine, comme l'explique Carol Grimaud Potter, spécialiste des questions russes : "Elle a été reprise et sacralisée lorsque Vladimir Poutine était au pouvoir. Cette fête nationale fait actionner ce levier du patriotisme pour réunir et unifier toute la société russe", a-t-elle précisé avant de détailler : "C'est toujours un défilé militaire avec les armes, avec les soldats. Ils l'utilisent bien sûr. Cette propagande et ce patriotisme d'État est très efficace."
Ce n'est pas la première fois que le président russe se sert de cette célébration pour asseoir sa domination : "Ça avait bien marché pour la Crimée. Le Kremlin tente de faire reprendre ce consensus Crimée, mais le transformer en consensus du Donbass, il sait que la population doit le soutenir. Et cette fête du 9 mai, bien sûr, est là pour renforcer justement ce consensus autour du président."
Un discours de Poutine attendu
Le point d'orgue de ce défilé du 9 mai à Moscou, ce sera certainement le discours de Vladimir Poutine. Les services de renseignement américains et britanniques sont persuadés qu'il déclarera officiellement la guerre à l'Ukraine. "Absurde", leur a répondu le porte-parole du Kremlin. Cependant, une entrée en guerre pourrait changer beaucoup de choses, comme en atteste Jean de Gliniasty, l'ancien ambassadeur de France à Moscou et actuel directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques.
"Ça lui donnerait des moyens supérieurs pour la mobilisation en faveur de la guerre", a-t-il indiqué au micro d'Europe 1. "Par exemple, il pourrait déclarer la loi martiale. Ça accentuerait le contrôle sur la société et ça lui permettrait peut-être de faire appel plus facilement aux conscrits dans la guerre contre l'Ukraine, puisqu'il manque cruellement d'effectifs en Ukraine. Et à partir du moment, il y a l'état de guerre. Disons que le recrutement des conscrits, sur lequel il a été jusque-là assez prudent, lui sera plus facile."
L'ombre de ce conflit en Ukraine planera ce lundi au-dessus de Strasbourg. Emmanuel Macron s'adressera au Parlement européen avant une rencontre avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, à Berlin.