L'armée ukrainienne a annoncé dimanche que ses soldats s'étaient retirés de Lyssytchansk, ville-clé de l'est de l'Ukraine, faisant face à un violent assaut des troupes russes depuis des semaines. "Afin de préserver les vies des défenseurs ukrainiens, la décision a été prise de se retirer" de la ville, a indiqué l'état-major des forces armées ukrainiennes dans un communiqué.
"Dans les conditions d'une supériorité multiple des troupes russes en artillerie, en forces aériennes, en systèmes de lancement de missiles, en munitions et en personnel, continuer la défense de la ville aurait eu des conséquences fatales", ajoute ce communiqué.
Le ministère russe de la Défense avait annoncé dimanche matin la conquête de Lyssytchansk, qui permet à la Russie de contrôler l'intégralité de la région ukrainienne de Lougansk.
La prise de Lyssytchansk permet à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l'intégralité du Donbass, région industrielle de l'est de l'Ukraine en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, et d'avancer vers Sloviansk et Kramatorsk, deux villes majeures plus à l'ouest touchées dimanche par des tirs de roquettes.
Les informations à retenir :
- L'armée ukrainienne s'est retirée de Lyssytchansk, dernière grande ville du Donbass
- Volodymyr Zelensky a accusé Moscou ce samedi, d'utiliser la "terreur délibérée" après de nouvelles frappes aériennes sur le sol ukrainien
- En Ukraine, près de 2610 localités sont actuellement sous occupation russe
La Russie accuse Kiev d'avoir lancé des missiles sur la ville de Belgorod, proche de l'Ukraine
L'armée russe a affirmé avoir abattu dimanche à l'aube trois missiles ukrainiens lancés contre la ville de Belgorod, proche de l'Ukraine, où un responsable local avait auparavant annoncé la mort d'au moins trois personnes après des explosions.
"Les défenses anti-aériennes russes ont abattu les trois missiles Totchka-U à sous-munitions lancés par les nationalistes ukrainiens contre Belgorod. Après la destruction des missiles ukrainiens, les débris de l'un d'entre eux sont tombés sur une maison", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
"Terreur délibérée"
"L'activité ennemie dans la région de Kharkiv s'intensifie", a estimé samedi soir le président ukrainien. Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère de la Défense russe, a déclaré que l'armée de l'air russe avait frappé à Kharkiv l'usine de tracteurs locale abritant des troupes et du matériel militaire ukrainien.
D'une manière générale, a affirmé Igor Konachenkov, "l'ennemi subit de lourdes pertes sur tous les fronts".
Sur le front sud, selon Igor Konachenkov, l'armée russe a atteint avec des tirs d'artillerie ou des frappes aériennes 39 centres de commandement et deux dépôts de munitions près de Mykolaïv.
"Vers 4h30 les Russes ont commencé ont tiré à la roquette sur la ville. Suite à cette attaque, des sites industriels ont été endommagés", a indiqué le maire de la ville, Oleksandr Senkevitch, dans un message sur Telegram, précisant que "la majorité des missiles sont tombés en banlieue" avec une photo de dégâts semblant assez légers.
Vendredi soir, Volodymyr Zelensky a accusé Moscou d'utiliser la "terreur [...] délibérée", après des frappes sur Serguiïvka, au bord de la mer Noire sur "un grand immeuble" et "un complexe touristique". La localité est environ 80 km au sud-ouest d'Odessa dans le sud de l'Ukraine. Selon les autorités militaires et civiles ukrainiennes, au moins 21 personnes ont été tuées, dont un adolescent de 12 ans et 38 ont été blessées dont cinq enfants.
Minsk menace
Au Bélarus voisin, le président Alexandre Loukachenko a affirmé qu'"il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l'Ukraine de frapper des cibles militaires au Bélarus". "Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes", a-t-il ajouté, alimentant les spéculations d'une implication croissante de cet allié de Moscou dans le conflit avec l'Ukraine.
Depuis l'attaque du Kremlin contre l'Ukraine, le 24 février, le Bélarus a servi de base arrière aux forces russes. "On nous provoque", a-t-il lancé, menaçant de riposter "instantanément" à toute frappe ennemie contre le territoire du Bélarus", un message visiblement destiné à Kiev et aux Occidentaux.
"Il y a moins d'un mois j'ai donné l'ordre à nos forces armées d'avoir dans le viseur, comme on dit maintenant, les centres de décisions dans vos capitales", a-t-il affirmé, évoquant les missiles promis par M. Poutine, ainsi que le système de lance-roquettes bélarusse Polonez.
2610 localités sous occupation russe
Dans son allocution du soir, Volodymyr Zelensky a fait état de "2610" villes et villages "sous occupation russe". Mais depuis le début de la guerre, le 24 février, l'armée ukranienne est "parvenue à en libérer 1027", a-t-il assuré. "Des centaines ont été complètement détruits par l'armée russe, et doivent être totalement reconstruits", a-t-il ajouté, alors que la question de la reconstruction du pays sera au coeur de la Conférence de Lugano (Suisse) sur l'Ukraine, lundi et mardi.
"Il est non seulement nécessaire de reconstruire tout ce que les occupants ont détruit, mais aussi de poser de nouvelles fondations pour notre vie, pour une Ukraine, sûre, moderne (...), a-t-il avancé, conscient des "investissements colossaux" et des "réformes" nécessaires.