Un Américain a franchi la frontière avec la Corée du Nord lors d'une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) qui la sépare de son voisin du Sud, et il a apparemment été placé en état d'arrestation, a annoncé mardi l'ONU. "Un citoyen américain a franchi sans autorisation la ligne de démarcation" avec la Corée du Nord, alors qu'il effectuait une visite dans la "zone de sécurité commune", le secteur de la DMZ placé sous le contrôle de Nations unies, a indiqué le poste de commandement de l'ONU. "Nous pensons qu'il est actuellement en détention en RPDC (République Populaire Démocratique de Corée) et nous sommes en train de travailler avec nos homologues de l'APC (Armée populaire de Corée) pour résoudre cet incident", a-t-on précisé de mêmes sources.
Des centaines de touristes visitent chaque jour, dans le cadre de voyages organisés, la "zone de sécurité commune", située à l'intérieur de la DMZ qui sépare les deux Corées depuis près de 70 ans. La Guerre de Corée (1950-1953) s'étant terminée sur un armistice, et non par un accord de paix, les deux voisins sont encore, techniquement, en état de guerre. L'ancien président américain Donald Trump avait rencontré le leader nord-coréen Kim Jung Un en 2019 dans le village frontalier de Panmunjom et avait même foulé le sol nord-coréen en franchissant la ligne de démarcation.
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Un soldat de l'armée américaine
"Panmonjom est le site le plus probable que cet Américain a choisi de traverser en Corée du Nord, car c'est le seul endroit possible de fuite au cours de la visite de la zone de sécurité commune", a déclaré à l'AFP Choi Gi-il, professeur d'études militaires à l'université de Sangji. Selon la chaîne de télévision sud-coréenne SBS, l'homme qui a traversé la frontière est un soldat de l'armée américaine. Contacté par l'AFP, le ministère sud-coréen de la Défense s'est refusé à tout commentaire. La Corée du Nord a fermé ses frontières au début de la pandémie de Covid-19 en 2020 et ne les a pas encore rouvertes. Sa présence sécuritaire de son côté de la frontière à la "zone de sécurité commune" a également été considérablement réduite.
Lorsque l'AFP a visité la "zone de sécurité commune" plus tôt cette année, aucun garde nord-coréen n'était visible dans la zone - mais même dans cette configuration, en vertu des protocoles d'armistice, le personnel sud-coréen ou américain ne peut traverser la frontière pour récupérer le ressortissant américain. Steve Tharp, lieutenant-colonel à la retraite de l'armée américaine qui travaillait dans cette zone, a déclaré au site spécialisé basé à Séoul NK News qu'il n'avait aucune idée de la façon dont les Nord-Coréens réagiraient à cet incident : il y a "si peu de données disponibles" sur des événements comme celui-ci, a-t-il souligné.
"Premier contact depuis le Covid"
"C'est le premier contact depuis le Covid... Nous ne savons pas ce qu'ils pensent", a-t-il déclaré à NK News. L'incident survient alors que les relations entre les deux Corées sont à l'un de leurs plus faibles niveaux, la diplomatie étant au point mort et le leader nord-coréen appelant à augmenter le développement des armes, notamment d'armes nucléaires tactiques. Séoul et Washington ont augmenté leur coopération militaire en réponse aux tests de missiles, et organisé des manœuvres conjointes avec des chasseurs de dernière génération et des forces stratégiques. Ces manoeuvres annuelles doivent être rééditées le mois prochain. Les deux pays doivent tenir mardi à Séoul la première réunion d'un Groupe consultatif nucléaire destiné, selon la présidence nord-coréenne, à "augmenter la dissuasion nucléaire contre la Corée du Nord".
Washington a cependant réitéré dimanche son offre de négociations mais l'influente soeur de Kim Jong Un a qualifié lundi de "rêverie" la proposition de pourparlers avec les Etats-Unis sur le programme nucléaire de Pyongyang à la veille de cette réunion. Le numéro un nord-coréen a qualifié l'an passé d'"irréversible" le statut de puissance nucléaire de son pays.