Après un an d'attente, les proches des victimes de l'attentat du marché de Noël de Berlin sont reçus lundi par Angela Merkel, mise sous pression par une polémique sur le manque de compassion et les négligences des autorités. Douze personnes avaient été tuées et une centaine d'autres blessées dans ce qui reste comme le pire attentat jamais commis sur le sol allemand et revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI).
Manque d'empathie ? Critiquées ces dernières semaines pour son manque d'empathie, la chancelière a finalement prévu une rencontre à huis clos, à la veille du premier anniversaire de l'attaque au camion-bélier, avec les familles dont certaines ne cachent pas leur colère. Dans une lettre ouverte qu'ils ont adressée à Angela Merkel début décembre, les proches des disparus ont déploré son "inaction politique" et exprimé leur principal grief : "nous notons que vous ne nous avez pas adressé de condoléances, ni en personne, ni par courrier". Aucune cérémonie d'hommages, comme par exemple en France après les attentats islamistes du 13 novembre 2015, n'a eu lieu.
Absence de reconnaissance nationale. Un tout récent rapport officiel déplore également que, contrairement à ce qui s'est passé en France, "on (ait) refusé aux personnes concernées une reconnaissance nationale". Certaines choses "ne doivent plus se reproduire", selon l'auteur de ce rapport, l'ancien dirigeant du Parti social-démocrate (SPD) Kurt Beck. Parmi les erreurs particulièrement malvenues : l'envoi de factures aux proches des personnes mortes leur demandant de régler les frais de l'autopsie avec injonction de paiement sous 30 jours. Berlin s'est engagé depuis à améliorer "rapidement" la prise en charge des victimes et de leurs proches. Le gouvernement a aussi promis d'augmenter le montant des dédommagements aux familles alors qu'un total de 2 millions d'euros a été versé jusqu'ici, un montant jugé bien trop faible dans ce rapport.
Graves négligences dans l'enquête. Enfin, l'enquête a montré de graves négligences en amont de l'attentat, notamment parce que l'auteur de l'attentat, Anis A., avait réussi à déposer des demandes d'asile sous diverses identité et aurait dû être expulsé de longue date. Il avait aussi réussi à passer entre les mailles du filet, bien qu'il ait été repéré comme extrémiste islamiste et trafiquant de drogue. Dans un autre rapport au vitriol sur les agissements des autorités berlinoises, le rapporteur a assuré qu'il existait "une chance réelle" d'interpeller le Tunisien, qui fréquentait notamment une mosquée salafiste de Berlin, avant l'attaque. Parmi les irrégularités les plus graves, la police berlinoise est soupçonnée d'avoir falsifié a posteriori certains rapports de surveillance d'Anis A. alors que ses activités auraient sans doute justifié son arrestation.