"À 9h17 (...) heure locale, un convoi de Chinois du projet de port de Gwadar a été attaqué par des bombes en bord de route et des tirs d'armes à feu alors qu'il rentrait dans la zone portuaire depuis l'aéroport de Gwadar", a indiqué dans un communiqué un porte-parole du consulat de Chine à Karachi.
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"Aucun citoyen chinois n'a été tué ou blessé", précise-t-il. Deux combattants ont trouvé la mort dans une attaque menée avec "abnégation" contre un convoi d'ingénieurs chinois se rendant au port de Gwadar, avait indiqué un peu plus tôt le groupe séparatiste ALB dans un communiqué.
"Punir sévèrement les auteurs de cet acte"
"L'opération s'est achevée par l'élimination de deux assaillants", a également annoncé un haut responsable de la police à l'AFP, ajoutant que quatre soldats pakistanais avaient été blessés. "Les cibles visées étaient des ingénieurs chinois, qui demeurent sains et saufs", a-t-il aussi précisé cette source policière.
L'Armée de libération du Baloutchistan, qui exagère souvent ses succès, a de son côté assuré que quatre travailleurs chinois et neuf soldats pakistanais avaient péri dans l'attaque. Sarfaraz Ahmed Bugti, sénateur et ancien représentant du ministre de l'Intérieur de cette province, a indiqué sur le réseau social X (anciennement Twitter) qu'aucun ressortissant chinois n'avait été tué dans l'attaque.
Le consulat général de Chine a condamné avec "véhémence cet acte terroriste" et a demandé au Pakistan "de punir sévèrement les auteurs de cet acte et de prendre des mesures concrètes et efficaces pour assurer la sécurité des citoyens, des institutions et des projets chinois".
Fort ressentiment
Plusieurs attaques contre des projets liés à l'énorme projet de corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) ont été revendiquées dans le passé par divers groupes séparatistes baloutches. Des milliers de personnels de sécurité sont déployés pour contrer les menaces contre les intérêts de Pékin.
Le CPEC est la pierre angulaire d'un vaste projet d'infrastructures pour lequel la Chine doit dépenser plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros).
Ces projets chinois ont souvent créé un fort ressentiment dans la province, en particulier auprès des groupes séparatistes qui estiment que la population locale n'en tire aucun bénéfice, la plupart des emplois revenant à de la main d'œuvre chinoise. En mai 2019, l'hôtel de luxe surplombant le port de Gwadar, au bord de la mer d'Arabie, avait déjà été attaqué et au moins huit personnes étaient décédées.
Plus récemment, en avril 2022, ce sont trois universitaires chinois et leur chauffeur pakistanais qui ont été tués lorsqu'une femme s'est fait exploser alors qu'ils entraient en voiture dans l'Institut Confucius de l'Université de Karachi. Ces attaques avaient été revendiquées par l'Armée de libération du Baloutchistan, qui s'était justifiée en invoquant la mainmise sur les ressources locales par Islamabad et la Chine.
Le Baloutchistan est la province la moins peuplée du Pakistan, mais elle est riche en ressources minérales. Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng était dans la capitale pakistanaise le mois dernier pour marquer le 10e anniversaire du CPEC.