L'Autriche a lancé vendredi une très vaste campagne de testes massifs du Covid-19. L'armée a été réquisitionnée pour mener à bien l'opération dans tout le pays. A Vienne, la plus grande salle de concert de la capitale s'est ainsi transformée vendredi en immense centre de tests. Entre 300 et 400 soldats sont mobilisés pour tester "60.000 personnes en une journée" annonce au micro d'Europe 1 cet officier de l'armée autrichienne qui gère le plus grand centre de dépistage de la capitale. Et malgré le nombre d'important d'autrichiens venus se faire tester, le militaire s'attendait à un tel afflux. Et pour cause, il fallait s'inscrire au préalable sur Internet.
Une organisation millimétrée...
"Je me suis inscrite mercredi et dès le lendemain midi j'avais une confirmation", confirme cette retraitée. Chaque Autrichien reçoit un masque FFP2 pendant son test antigénique et patiente ensuite quelques minutes, le temps du résultat. Et l'organisation ne s'arrête pas là : "tous les gens négatifs partent d'un côté et les positifs sont envoyés dans une autre direction où ils passent un test PCR", détaille de son côté le commandant Wagner.
Soulagée, cette dame est négative et peut donc rentrer chez elle "tranquillement" après un "effort supportable et même nécessaire".
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...mais critiquée par l'opposition
Cette opération de grande envergure est néanmoins critiquée par l'opposition gouvernementale. Il faut dire que le chancelier conservateur Sebastian Kurz avait annoncé mi-novembre, à la surprise générale, le lancement de ces opérations à travers tout le pays pour d'éviter une flambée des contaminations à la sortie du confinement, alors que les écoles et magasins rouvrent lundi. Au total, dix millions de tests ont été commandés pour une population de 8,8 millions d'habitants et Peter Hacker, adjoint municipal social-démocrate à la Santé, ne cache pas son scepticisme face à la gestion gouvernementale de la pandémie.
"Il y a trop de propagande ces derniers temps. Semaine après semaine, on nous annonce des mesures sans discussion préalable", a-t-il jugé vendredi, préconisant des tests ciblés dans les maisons de retraite, les hôpitaux ou les crèches.
Un coût de 67 millions d'euros
Le coût de l'opération, estimé à 67 millions d'euros, est aussi très critiqué par l'opposition. Sans oublier les déboires informatiques : la plateforme pour s'inscrire aux tests a subi une attaque informatique et des centaines de données personnelles ont été divulguées. La ville de Linz, en Haute-Autriche, dans le nord, a même décidé d'abandonner le système mis en place au niveau fédéral pour lancer le sien. Dans les centres, des problèmes ont aussi été enregistrés et comme tout bon soldat, les hommes de Stefan Lampl s'étaient munis de crayons et cahiers au cas où.
Relativement épargnée par la première vague, l'Autriche a vu le nombre de cas exploser à l'automne, mais les restrictions drastiques imposées ces dernières semaines semblent porter leurs fruits, avec 3.815 infections annoncées vendredi sur les dernières 24 heures, contre 4.954 la veille. Un chiffre encore "bien trop haut", a toutefois déclaré le ministre de la Santé, Rudolf Anschober, espérant l'abaisser à un millier "sur les deux prochaines semaines".