Le tribunal de Hambourg a condamné jeudi à deux ans de prison avec sursis un ancien garde de camp nazi de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés à Stutthof en Pologne entre 1944 et 1945.
17 ans au moment des faits
L'accusé Bruno Dey, 17 ans au moment des faits, "est reconnu coupable de complicité dans 5.232 cas de meurtres et tentatives de meurtres", a déclaré la présidente du tribunal Anne Meier-Göring à l'issue d'un procès, probablement l'un des derniers, portant sur les atrocités commises sous le IIIe Reich.
"C'était mal. C'était une terrible injustice. Vous n'auriez pas dû participer à Stutthof", a estimé la juge. "Vous vous considérez comme un observateur. Mais vous étiez un soutien de cet enfer créé par des hommes", a-t-elle dit. Le nonagénaire est jugé sur la base de la législation pour mineurs. Le parquet avait réclamé trois ans de prison, la défense un non lieu.
Empêcher toute révolte ou fuite
Bruno Dey, apparu tout au long des audiences en fauteuil roulant et accompagné de ses proches, a servi entre août 1944 et avril 1945 au camp de concentration de Stutthof, au nord de la Pologne. Au total, quelque 65.000 personnes, essentiellement des Juifs des pays baltes et de Pologne, y sont mortes, abattues d'une balle dans la nuque, gazées au Zyklon B, pendues. Ou bien elles ont succombé au froid, aux épidémies et au travail forcé.
L'accusé, posté sur l'un des miradors le surplombant, avait pour devoir d'empêcher toute révolte ou fuite.