Toutes les parties prenantes au conflit au Yémen ont potentiellement commis des "crimes de guerre", a affirmé mardi une mission d'experts mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Des frappes sur des "marchés" et des "zones résidentielles". Dans son rapport allant de septembre 2014, date du début des hostilités dans ce pays, jusqu'à juin 2018, le groupe d'experts présidé par le Tunisien Kamel Jendoubi relève que les frappes de la coalition menée par l'Arabie Saoudite "ont causé le plus de victimes civiles directes", touchant des "zones résidentielles", des "marchés", et "même des installations médicales". Cette coalition militaire est intervenue en mars 2015 au Yémen pour aider le pouvoir face aux rebelles Houthis qui s'étaient emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Jeudi dernier, 26 enfants ont été tués jeudi dans des frappes de cette coalition, ont annoncé des responsables de l'ONU. Le 9 août, un raid aérien, déjà attribué à cette coalition militaire, dans la province de Saada, fief des rebelles, avait frappé un bus qui transportait des enfants, tuant 40 d'entre eux.
Des enfants de 8 ans recrutés comme soldats. "Le Groupe d'experts a des motifs raisonnables de croire que des membres du gouvernement yéménite et de la coalition ont pu mener des attaques en violation des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution pouvant constituer des crimes de guerre", souligne-t-il, dans un communiqué. Dans ce "conflit oublié" comme le désigne Kamel Jendoubi, les enfants paient un lourd tribut car ils sont également enrôlés par les différentes parties en présence.
Les experts disposent d'"informations substantielles" leur permettant d'affirmer que "le gouvernement du Yémen, les forces soutenues par la coalition, ainsi que les forces Houthies" utilisent des enfants "pour participer activement aux hostilités". "Dans la plupart des cas, ces enfants étaient âgés de 11 à 17 ans mais il y a eu des indications régulières sur le recrutement et l'utilisation d'enfants âgés de huit ans", relèvent les experts.
Faire mieux circuler les fournitures humanitaires. Les blocus imposés par la coalition dans les ports yéménites ainsi qu'à l'aéroport de Sanaa peuvent par ailleurs revêtir le statut de crimes au regard du droit international, soulignent les experts. "J'exhorte toutes les parties à prendre les mesures nécessaires pour supprimer les restrictions disproportionnées à l'entrée sécurisée et rapide au Yémen de fournitures humanitaires et d'autres biens indispensables à la population civile, et à la circulation des personnes, notamment via l'aéroport international de Sanaa", a déclaré Kamel Jendoubi.
Début des pourparlers le 6 septembre. L'ONU a convoqué des pourparlers sur le Yémen le 6 septembre à Genève, alors que jusque-là toutes les tentatives de règlement politique ont échoué. Depuis mars 2015, le conflit a fait plus de 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.