L'ambassade des Etats-Unis en Israël a pris ses distances mercredi avec un photomontage présenté la veille à l'ambassadeur David Friedman sur lequel les lieux saints musulmans de Jérusalem ont disparu au profit d'un temple juif. L'ambassadeur a été photographié mardi, tout sourire, auprès d'un cliché aérien de Jérusalem qu'on lui présente, mais qui a été retouché. Sur l'image, le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, sur l'ultra-sensible Esplanade des mosquées, ont disparu et ont laissé la place à une restitution d'un temple juif.
Réprobation de l'ambassade américaine. Face au début de controverse, l'ambassade américaine a exprimé sa réprobation et indiqué que les faits s'étaient produits à l'insu du diplomate. Le montage touche à une matière particulièrement volatile. L'Esplanade est le troisième lieu saint de l'islam, mais elle est également révérée par les juifs - sous le nom de Mont du temple - comme le site où s'élevait le temple détruit par les Romains en l'an 70. Le sujet est d'autant plus brûlant que le site est à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée par Israël, et se trouve au coeur du conflit israélo-palestinien. Pour des raisons historiques, il est sous la garde de la Jordanie, mais tous les accès en sont contrôlés par les forces israéliennes.
David Friedman, a known supporter of the settlements, is seen smiling when presented with a picture from which two Muslim mosques have mysteriously disappeared https://t.co/Rq3nURWHO6
— Haaretz.com (@haaretzcom) 22 mai 2018
Caractère explosif. Alors que le site est pour les musulmans un lieu de culte où vont prier des dizaines de milliers de fidèles chaque semaine, les juifs y ont seulement le droit de visite à des heures précises, mais y ont l'interdiction de prier. Toute tentative de remise en cause de ce statu quo est susceptible d'enflammer les passions chez les musulmans. Une minorité de juifs réclament la souveraineté sur le site et promeuvent activement la reconstruction du temple. Un éventuel soutien américain aurait un caractère explosif. L'ambassade des Etats-Unis a assuré que tel n'était pas le cas.
"Nous soutenons le statu quo". "L'ambassadeur Friedman ne savait pas ce que représentait l'image présentée devant lui quand la photo a été prise", a-t-elle écrit sur Twitter, "il est profondément déçu". "La politique américaine est absolument claire : nous soutenons le statu quo". La photo a été prise lors d'une visite à l'organisation Ahiya , qui aide les enfants souffrant de difficultés d'apprentissage. "Un membre du personnel de l'organisation a présenté la photo à l'ambassadeur à l'insu de l'organisation, de l'ambassade et de l'ambassadeur. Nous regrettons qu'un geste politique mesquin ait pollué cet événement", a-t-elle dit.
Défenseur de la colonisation. L'incident intervient moins de dix jours après le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Le déménagement a ulcéré les Palestiniens qui y voient la négation de leurs revendications sur Jérusalem-Est. Il implique en outre une personnalité honnie de la direction palestinienne, l'ambassadeur Friedman, de confession juive et décrié par les Palestiniens comme le défenseur de la colonisation et l'avocat ardent des intérêts israéliens.