Barcelone est sur le point de basculer. Ada Colau, tête de liste pour plusieurs partis d'extrême gauche dont la jeune formation antilibérale Podemos ("Nous pouvons", en espagnol), est arrivée en tête des élections municipales à Barcelone, dimanche soir. L'ancienne activiste est ainsi en passe de devenir la première maire "indignée" d'Espagne. "Le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation", a-t-elle affirmé devant des militants euphoriques.
Accusée d'être populiste, inexpérimentée et radicale par ses rivaux, elle a rallié les suffrages de plus de 176.000 électeurs, faisant de la deuxième ville la plus peuplée d'Espagne, avec 1,6 million d'habitants, le premier bastion des "indignés". Sa liste obtient onze sièges, contre dix pour le maire sortant et elle doit encore être investie.
Augustin Legrand ou Olivier Besancenot. Ada Colau, 41 ans, n'a pas fait ses classes en politique. Elle était d'ailleurs restée à la marge du débat sur l'indépendance de la Catalogne. Celle qui a étudié la philosophie, sans obtenir son diplôme, a été de toutes les luttes : mouvement anti-G8, squat dans des immeubles, manifestations contre la guerre en Irak, etc. Comme en France Augustin Legrand, le porte-parole des Enfants de Don Quichotte, c'est l'engagement d'Ada Colau au sein d'une association de défense des petits propriétaires et locataires menacés d'expulsion, la PAH, qui l'a rendue célèbre.
Aujourd'hui, Ada est toujours employée d'une association citoyenne, pour qui elle se présente aux élections. Elle vit avec 900 euros par mois, comme de l'autre côté des Pyrénées. En France, Olivier Besancenot, ex-porte-parole du NPA, deux fois candidat à la présidentielle, a continué sa carrière de facteur en marge de la politique.
Un programme pour les pauvres. L'activiste reconvertie à la politique a également promis de s'attaquer à "l'urgence sociale" frappant la ville, à ses 107.000 chômeurs et à sa population au bord de la pauvreté. Son programme : transformer les appartements vides en logements sociaux, introduire un revenu minimum de 600 euros pour les familles pauvres, forcer les entreprises à réduire les prix de l'eau, du gaz, de l'électricité. Ses adversaires la taxent de "populisme".
Sa liste veut aussi lutter contre le tourisme trop massif qui nuit à la ville de l'architecte Gaudi, aux 27 millions de visiteurs par an. Une mauvaise nouvelle pour les Français.