Les États-Unis se sont engagés mardi à appliquer strictement l'interdiction des importations de la province chinoise du Xinjiang, conformément à une loi qui entre en vigueur pour sanctionner le "travail forcé" des musulmans ouïghours que des organisations reprochent aux autorités de Pékin. Cette loi, l'un des outils du gouvernement américain contre ce qu'ils considèrent être un "génocide" visant cette minorité musulmane en Chine, est entrée en vigueur six mois après son adoption à l'unanimité par les parlementaires américains.
Elle vise un large éventail de produits fabriqués dans cette région du nord-ouest de la Chine mais devrait notamment se faire sentir dans l'industrie textile.
Plus de travail forcé
"Nous mobilisons nos alliés et partenaires pour faire en sorte que les chaînes d'approvisionnement mondiales soient débarrassées du recours au travail forcé", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué. Les Douanes des Etats-Unis, chargées d'assurer le respect du texte, ont publié des consignes affirmant que les produits du Xinjiang seront considérés comme étant le fruit du travail forcé, et donc interdits, à moins que les entreprises puissent fournir des documents prouvant le contraire.
Elles assurent vouloir contrôler l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, sans épargner des biens arrivant d'autres régions chinoises ou de pays tiers. Quelque 20% des vêtements importés chaque année aux Etats-Unis contiennent du coton du Xinjiang, selon des estimations citées par des organisations de défense des travailleurs. La région chinoise est aussi un producteur majeur de tomates pelées en boîte pour l'export.
Le sénateur républicain Marco Rubio qui, une fois n'est pas coutume, avait fait alliance avec des démocrates pour porter cette proposition de loi, a salué l'entrée en vigueur du "changement le plus significatif dans la relation de l'Amérique avec la Chine depuis 2001" - date de l'entrée du géant asiatique dans l'Organisation mondiale du commerce.
Pékin proteste fermement
Pékin a de nouveau protesté contre l'embargo américain, estimant qu'il allait à l'encontre des efforts mondiaux pour lutter contre l'inflation et fluidifier les chaînes d'approvisionnement grippées par une série de crises. "Cette loi est une preuve solide de l'arbitraire des Etats-Unis qui sape les règles de l'économie et du commerce internationaux", a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. "La mesure américaine va à l'encontre du sens de l'Histoire et est vouée à l'échec", a-t-il ajouté.
Mais Omer Kanat, directeur exécutif du Uyghur Human Rights Project, une association de défense de cette minorité, a estimé que la loi était "une grande victoire", appelant d'autres pays à suivre cet exemple. Selon plusieurs pays occidentaux et organisations indépendantes, Pékin a interné dans des "camps" un million de Ouïghours. La Chine dément fermement ces accusations et présente les "camps" comme des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner les habitants de la tentation de l'extrémisme.