L'Europe est sur le point de rouvrir ses frontières : les choses se précisent jour après jour sur la levée des contrôles intérieurs, mais aussi extérieurs. Les Européens sont appelés à rétablir la libre circulation dès lundi avant d'autoriser progressivement les voyageurs de pays tiers à compter du 1er juillet. Mais comme pendant le pire de la crise du coronavirus, la cacophonie règne encore au sein des États membres. Plusieurs obstacles empêchent une levée harmonieuse des frontières.
Parce que les frontières intérieures ne vont pas rouvrir en même temps
A priori, les frontières entre États membres de l'espace Schengen doivent rouvrir dès lundi 15 juin, dans quelques jours. Cela devrait aller vite et on circulera à nouveau librement dès lundi entre l’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas et jusqu'en Pologne. Il y aura malgré tout des exceptions : l’Autriche a par exemple décidé de limiter encore quelques semaines l’accès de son territoire à l’Italie, à la Suède et au Danemark. Pourtant, ces quatre pays sont signataires des accords de Schengen. L'Espagne et le Portugal ont aussi évoqué une réouverture des frontières avec leurs voisins le 1er juillet seulement.
Parce que les critères de réouverture ne sont pas encore définis
Le plus gros problème se pose pour la réouverture extérieure, souhaitée pour le 1er juillet. Comment seront choisis les pays avec qui les frontières rouvriront ? Bruxelles a proposé des critères pour déterminer les pays tiers autorisés. "Le premier critère, bien sûr, c'est la situation épidémiologique dans le pays, même si dans certains cas, c'est difficile d'avoir des statistiques exactes", a déclaré jeudi la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson. "Le deuxième critère important, ce sont les mesures de distanciation pendant le voyage, pour que l'on puisse rouvrir à un pays tiers."
Parce que les données de certains pays posent problème
Mais cette déclaration de la Commission européenne ne lève pas les autres obstacles. Le premier problème réside dans la fiabilité des données épidémiologiques. Hors micro, les experts expriment leurs doutes sur les données de la Chine ou d'une partie de l'Afrique. Et dans certaines zones, comme en Amérique latine ou en Inde, le pic épidémique n'a pas encore été atteint.
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Parce que le principe de réciprocité est capital
L'Europe veut ouvrir ses frontières aux seuls pays qui laissent entrer ses citoyens, selon le principe de réciprocité. Mais les citoyens français, allemands ou espagnols vont-ils pouvoir atterrir sur le sol américain cet été, alors que Donald Trump refuse que les États-Unis accueillent pour l'heure des ressortissants européens ? "Si nous leur ouvrons la possibilité de voyager dans l'UE, nous attendons qu'ils fassent de même pour les voyageurs venant de nos pays", a prévenu Ylva Johansson.
Parce que chaque État peut jouer sa propre partition
Les frontières relèvent de la compétence des États, or chacun a ses amitiés internationales et peut être tenté de faire un geste isolé. Chypre a par exemple déjà rouvert ses frontières à Israël, et la Grèce pousse pour une réouverture plus rapide, car son économie dépend grandement du tourisme.
Si chacun fait ce qu'il lui plaît, l'image risque d'être terrible pour l'Union européenne. On risquerait de voir revenir les contrôles aux frontières intérieures, afin d'empêcher les visiteurs de pays tiers non désirés. Les 27 États disposent d'un peu plus de deux semaines pour régler ces problèmes et se mettre d'accord sur cette fameuse liste. De l'avis des spécialistes consultés par Europe 1 à Bruxelles, le délai est très court.