"La situation est insupportable en termes d'inégalités". Invité d'Europe 1, samedi, le Professeur Michel Kazatchkine, membre du Panel indépendant chargé d'évaluer la gestion de la pandémie de Covid-19 par les pays et l'OMS, a mis en garde sur le "décalage très dangereux" entre les pays développés et les pays en développement face à la pandémie.
Un taux de vaccination très faible dans les pays pauvres
Moins de 2% de la population a accès aux vaccins dans les pays à ressources limitées, indique Michel Kazatchkine, également membre de l'Institut de hautes études internationales et du développement, au micro d'Europe 1. "Cela signifie que de nouveaux variants peuvent arriver, y compris des variants qui pourront échapper aux anticorps produits par les vaccins dont on dispose actuellement", poursuit-il, affirmant que "l'histoire est loin d'être terminée".
Cette vaccination a deux vitesses pourrait donc bien être, aujourd'hui, le principal danger alors que la plupart des pays occidentaux sortent progressivement de la crise sanitaire. "L'épidémie continuera de se poursuivre dans ces pays qui n'ont pas accès au vaccin. Le virus va continuer de muter et potentiellement à produire des variants qui pourraient revenir vers les pays occidentaux". Des inégalités insupportables, pointe Michel Kazatchkine.
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Une situation grave, notamment en Inde
Opérant un parallèle avec la lutte contre le VIH au milieu des années 1990, celui qui a également été directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida poursuit : "Bernard Kouchner disait 'les médicaments sont au nord, les malades sont au sud', et c'est exactement ce qui est en train de se passer dans le monde".
En effet, alors que plus de 37% de la population française a reçu au moins une dose du vaccin, cela concerne à peine 12% de la population indienne. L'Inde, qui figure parmi les pays les plus touchés par la pandémie avec plus de 322.000 morts et plus de 3.600 nouveaux décès enregistrés vendredi.
"Vu de France, on ne se rend pas compte qu'au moment où nous parlons, l'épidémie n'a jamais été aussi grave et aussi importante qu'elle ne l'est aujourd'hui", déplore le professeur Kazatchkine. "Parce qu'elle est en Inde, elle est en Asie, en Afrique, en Amérique latine", énumère-t-il. "Et quelque part, la complaisance s'installe assez rapidement dès lors que le danger s'éloigne de chez nous."