Le ton s’est durci samedi après-midi à Porto, où sont réunis les dirigeants des 27 pays de l’UE. L’Europe en général, et plus particulièrement la France, n’ont pas beaucoup apprécié que les Etats-Unis viennent donner des leçons de générosité sur les vaccins. En effet, l'annonce surprise du soutien de l'administration de Joe Biden à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, afin d'en accélérer la production et la distribution aux pays pauvres, a bousculé l'agenda des Européens. Les Vingt-Sept se sont très majoritairement montrés sceptiques sur cette proposition, y voyant un coup médiatique.
"Levez les interdictions à l’export !"
En riposte, l'Union européenne a renvoyé la balle aux Etats-Unis, appelant Washington à faire "des propositions concrètes" et à mettre fin à son interdiction d'exportation des sérums et de leurs composants. "J’appelle très clairement les Etats-Unis a mettre fin aux interdictions à l’export, non seulement de vaccins mais aussi de leurs composants, qui empêchent la production. La clé pour produire plus vite des vaccins pour tous les pays pauvres ou à revenus intermédiaires, c’est de produire plus. Levez les interdictions à l’export !", a lancé Emmanuel Macron.
De son côté, Clément Beaune, secrétaire d’état en charge de l’Europe, a dénoncé le coup de communication des Américains : "Parfois, dans les paillettes et la communication, on oublie l’action réelle qui est menée. Je préfère une solidarité concrète, à des annonces qui restent imprécises et abstraites, qui ouvrent des vrais débats mais qui renvoient parfois les Européens à une forme de complexe ou de candeur, alors que sur le fond, c’est l’Europe qui livre le monde en vaccins, surtout ceux qui en ont le plus besoin."
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50% des doses produites dans l'UE exportées vers 90 pays
Sur 400 millions de doses déjà produites dans l'Union européenne, environ 50%, soit 200 millions, sont parties vers 90 pays, a souligné la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui a par ailleurs annoncé samedi la conclusion d'un nouveau contrat avec Pfizer-BioNTech pour garantir à l'UE jusqu'à 1,8 milliard de doses, soit bien plus que ses besoins propres. Pour rappel, en février, la France s’était engagée à donner 5% de ses doses de vaccins aux pays Africains.
L’UE ne refuse cependant pas de discuter de la levée des brevets. "On doit être prêt à débattre de ce sujet dès lors que des propositions concrètes seraient mises sur la table", a réagi Charles Michel, le président du Conseil, qui représente les Etats membres. "Nous ne pensons pas que, à court terme, cela puisse être une solution magique", a-t-il toutefois averti. "Ce n'est pas quelque chose qui va amener des vaccins dans les mois qui viennent, ni peut-être même dans l'année qui vient. Or il faut des vaccins maintenant", a renchéri Ursula von der Leyen.