Le pouvoir chaviste a décidé de se déplacer sur le terrain judiciaire, une semaine tout juste après le soulèvement raté contre Nicolas Maduro auquel avait appelé Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Le déclenchement de "poursuites pénales" à l'encontre des sept parlementaires d'opposition s'est fait en deux temps mardi.
La Cour suprême, que l'opposition accuse d'être pieds et poings liés au pouvoir chaviste, a d'abord ordonné que six d'entre eux soient poursuivis pour "haute trahison" et "conspiration", entre autres chefs. Elle a ensuite remis leurs dossiers au parquet général pour instruction et à l'Assemblée constituante pour qu'elle examine la levée de leur immunité parlementaire.
"La seule réponse de ce régime est de poursuivre"
La première réaction de Juan Guaido à cette décision est intervenue lors d'une séance de l'Assemblée nationale qu'il préside et qui est dominée par l'opposition. "La seule réponse de ce régime c'est de poursuivre. Il ne gouverne plus, car il n'a plus les commandes", a-t-il dit.
En début de soirée, la Constituante, uniquement constituée de fidèles de Nicolas Maduro, a ensuite décidé de défaire de leur immunité les six députés : Henry Ramos Allup, Luis Florido, Marianela Magallanes, Simon Calzadilla, Amerigo De Grazia et Richard Blanco. A ces six noms s'est ajouté celui d'Edgar Zambrano, contre lequel la Cour suprême avait déjà décidé que des poursuites seraient engagées la semaine dernière.
"Que chacun assume ses responsabilités. Nous assumons la nôtre aujourd'hui en ouvrant la voie aux poursuites contre ceux qui ont activement participé" au soulèvement raté de mardi, a lancé Diosdado Cabello, le président de la Constituante.
La Constituante est l'une des deux assemblées au Venezuela. Créée en 2017, elle remplace, dans les faits, l'Assemblée nationale, dont les décisions ne sont plus prises en compte par l'exécutif. Elle est dotée de très larges pouvoirs, dont celui de lever l'immunité parlementaire des députés.
Les États-Unis poussent les hauts gradés de Maduro à faire défection
La Constituante avait déjà levée l'immunité de Juan Guaido en avril, considérant qu'il "usurpe" la fonction présidentielle. Et dans ce bras de fer, Juan Guaido est soutenu par les États-Unis. Pour tenter de déloger Nicolas Maduro du pouvoir, l'administration Trump a déjà pris toute une série de sanctions à l'encontre de hauts responsables civils et militaires.
Sur cette liste figurait jusqu'à mardi le général Christopher Figuera, chef du renseignement vénézuélien. Or, pendant un discours à Washington, le vice-président américain Mike Pence a annoncé que les sanctions à son encontre étaient "immédiatement" levées à la suite de sa défection la semaine dernière.
L'idée est de pousser d'autres hauts gradés à faire défection au profit de Juan Guaido. "Les Etats-Unis envisageront de lever les sanctions pour tous ceux qui soutiennent la Constitution et l'Etat de droit", a lancé Mike Pence. Il s'agit aussi de la première confirmation officielle de la défection de Christopher Figuera.