La pression internationale monte contre le régime vénézuélien de Nicolas Maduro, les États-Unis annonçant leur intention de "passer aux actes" pour soutenir l'opposant Juan Guaido après une journée de violences samedi aux frontières du pays.
"Les États-Unis vont passer aux actes". "Les États-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s'opposent à la restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela. Maintenant, le temps est venu d'agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien désespéré", a tweeté le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Il a qualifié de "brutes" les forces de sécurité vénézuéliennes qui ont durement réprimé des manifestations samedi, faisant deux morts selon l'ONG Foro Penal, opposée au gouvernement de Maduro, et plus de 300 blessés, dont des Colombiens, selon le gouvernement de Bogota et différentes sources.
Tir de gaz lacrymogènes, camions incendiés... Les troubles ont éclaté aux frontières avec la Colombie et le Brésil, où les manifestants exigeaient l'entrée dans le pays de convois d'aide humanitaire. Plusieurs postes-frontière sont bloqués par l'armée fidèle à Nicolas Maduro, lequel refuse l'aide en dénonçant une tentative déguisée d'intervention américaine. Deux camions et leur cargaison de médicaments ont été incendiés peu après être entrés au Venezuela depuis la Colombie, selon les autorités colombiennes qui ont alors ordonné le retour des autres véhicules.
"Ils ont tiré des gaz lacrymogènes, beaucoup, on ne pouvait pas résister, on perdait des forces. Et alors qu'on essayait de retrouver notre souffle, ils nous ont tiré dessus", a raconté à l'AFP Edinson Cisneros, blessé au cours d'affrontements sur le pont Francisco de Paula Santander qui relie la ville vénézuélienne d'Ureña à la ville colombienne de Cucuta, et qui est bloqué par les militaires de la Garde nationale bolivarienne (GNB).
La foule grossit sur le pont F. de Santander, dans la fumée des gaz lacrymo et du camion qui continue de brûler, des jeunes continuent de lancer pierres et cocktails molotov. Sous les tentes les médecins parlent de dizaines de blessés par les tirs de grenade et de gaz #venezuelapic.twitter.com/LMsaaCl1wn
— Sebastien Krebs (@sebastienkrebs) 23 février 2019
A la frontière entre le Brésil et le Venezuela, au moins deux personnes, dont un garçon de 14 ans, ont été tuées par balle dans des heurts, selon l'ONG Foro Penal, qui a accusé les militaires vénézuéliens d'avoir ouvert le feu sur la foule. Un bateau parti de Porto Rico avec de l'aide a par ailleurs rebroussé chemin après avoir "reçu des menaces directes de tir" de marine vénézuélienne, a affirmé le gouverneur de l'île américaine, Ricardo Rosello.
"Envisager toutes les éventualités" face à Maduro. L'opposant Juan Guaido, 35 ans, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, avait fixé la journée de samedi comme date-butoir pour la livraison de l'aide humanitaire stockée aux portes du pays. Juan Guaido était passé vendredi en Colombie malgré une interdiction de sortie du Venezuela. Il a assuré que l'armée, pilier du régime chaviste, avait "participé" à sa sortie du pays. Depuis la ville colombienne de Cucuta, proche de la frontière, il a appelé samedi la communauté internationale à "envisager toutes les éventualités" face à Maduro. Il a annoncé qu'il participerait lundi à Bogota à une réunion du Groupe de Lima sur la crise au Venezuela, qui comprend quatorze pays d'Amérique, majoritairement hostiles à Nicolas Maduro.
Maduro rompt les relations diplomatiques avec la Colombie. Le gouvernement colombien, soutien affiché de Juan Guaido, a dénoncé des "violations des droits humains". Cette action pacifique et de caractère humanitaire a été interrompue depuis le Venezuela sous le régime usurpateur de Maduro avec une répression violente et disproportionnée", a dénoncé le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo. S'exprimant devant des milliers de ses partisans, Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec "le gouvernement fasciste de Colombie" et donné 24 heures "à l'ambassadeur et aux consuls" pour quitter le Venezuela en lançant : "Dehors, les oligarques!".
Cependant, pour le président colombien Ivan Duque, traité de "diable" par Nicolas Maduro, Juan Guaido est le seul chef de l'Etat vénézuélien en exercice. Selon les autorités colombiennes, au moins 60 militaires vénézuéliens désarmés, dont plusieurs officiers, ont déserté samedi et sont passés en territoire colombien où ils ont demandé l'asile. L'un des militaires s'est présenté comme "le major Hugo Parra", en uniforme de la Force armée nationale bolivarienne. "Je reconnais notre président Juan Guaido et je lutterai avec le peuple vénézuélien à chaque étape", a-t-il déclaré devant la presse.