L'opposition vénézuélienne, qui a appelé à des rassemblements à travers le pays et à l'étranger samedi pour revendiquer la victoire à la présidentielle de fin juillet, appelle à "continuer la bataille" contre le président Nicolás Maduro, dont les partisans vont aussi manifester. Un important dispositif sécuritaire a été déployé à Caracas avec de nombreuses forces de l'ordre et des véhicules militaires stationnés à des points stratégiques, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Tout le monde doit continuer la bataille et rester fort"
"C'est une journée historique (...) Nous devons rester fermes et unis", a déclaré samedi la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado sur les réseaux sociaux. "Ils essaient de nous faire peur, de nous diviser, de nous paralyser, de nous démoraliser, mais ils ne le peuvent pas parce qu'ils sont absolument retranchés dans leur mensonge, dans leur violence, dans leur illégitimité". Samedi, elle avait lancé : "Tout le monde doit continuer la bataille et rester fort".
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L'annonce de la réélection de Nicolás Maduro pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées, qui ont été réprimées brutalement. De source officielle, 25 personnes sont mortes, 192 blessées et 2.400 arrêtées. L'opposition, qui n'a jusqu'à présent organisé qu'une seule mobilisation, le 3 août, a appelé à de grandes manifestations dans tout le pays, mais aussi dans plus de 300 villes à l'étranger. Le coup d'envoi a été donné samedi à Sydney et à Melbourne en Australie, où des manifestants se sont rassemblés en agitant des drapeaux vénézuéliens pour protester contre le résultat des élections.
"Nous nous sommes réunis et nous avons donné de la voix, et je sens que le pays est uni maintenant", a déclaré Kevin Lugo, 28 ans, organisateur de la manifestation de Sydney. Lors de la mobilisation début août, Maria Corina Machado était arrivée en camion puis avait enfourché une moto pour disparaître rapidement. La manifestation de samedi est "très importante. Ce sera un jour historique (...) il s'agit d'unir tout un pays (...). Il n'y a pas de retour en arrière possible et nous allons aller jusqu'au bout ensemble", a-t-elle dit vendredi, appelant à se rendre aux manifestations en famille.
Le pouvoir a pour sa part prévu une "grande marche nationale pour la paix" en soutien à Nicolás Maduro dans l'après-midi à Caracas. Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié début août la victoire de Nicolás Maduro avec 52% des voix, sans fournir le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d'un piratage informatique.
"Nous n'acceptons ni l'interventionnisme, ni que quiconque mette ses mains sales dans notre pays bien-aimé"
Selon l'opposition, qui a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui avait remplacé Maria Corina Machado déclarée inéligible, a remporté la présidentielle avec 67% des voix. L'opposition et de nombreux observateurs ne croient pas à la thèse du piratage informatique.
Une grande partie de la communauté internationale s'est également montrée sceptique après l'annonce des résultats officiels par le CNE. L'Union européenne (UE) et 22 pays, dont l'Argentine, le Canada ou l'Espagne, ont demandé vendredi dans une déclaration commune "la publication immédiate de tous les procès-verbaux originaux et la vérification indépendante et impartiale de ces résultats, de préférence par une entité internationale". La plupart des pays signataires s'étaient déjà prononcés de manière similaire sur le sujet.
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Le Conseil permanent de l'Organisation des États américains (OEA) a approuvé vendredi une résolution demandant aussi à Caracas de "publier rapidement les procès-verbaux". Au Brésil, le président Luiz Inacio Lula da Silva a également réclamé les "procès-verbaux". "Ce que je demande pour reconnaître (le vainqueur), c'est au moins de savoir si les chiffres sont vrais", a-t-il dit. Il a estimé vendredi que le gouvernement de Nicolás Maduro avait un "penchant autoritaire" même s'il ne le considérait pas le Venezuela comme une "dictature".
Le président Maduro a, lui, une nouvelle fois balayé les critiques de l'étranger : "Nous n'acceptons (...) ni l'interventionnisme, ni que quiconque mette ses mains sales dans notre pays bien-aimé". Il a ensuite ironisé : "Nous préparons la délégation d'observateurs électoraux pour les élections du 5 novembre aux États-Unis. Une commission d'experts vénézuéliens s'y rend et nous allons vérifier bureau par bureau!".