L'Espagne a fait savoir lundi qu'elle ne reconnaîtrait pas les décisions prises par l'Assemblée constituante élue dimanche au Venezuela et étudierait des mesures additionnelles à prendre avec ses alliés pour rétablir la démocratie dans ce pays.
Cette assemblée, rejetée par l'opposition, "ne représente pas la volonté de la majorité des Vénézuéliens" et "n'est pas la solution aux graves problèmes d'affrontements politiques et de crise humanitaire qui frappent le pays", déclare le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. C'est pourquoi l'Espagne "ne pourra pas reconnaître ni accorder de validité aux actes juridiques émanant de cette Assemblée constituante". L'Espagne "étudiera avec ses partenaires de l'Union européenne et des pays amis de la région les mesures additionnelles qui pourraient être efficaces pour promouvoir la restauration des institutions démocratiques et constitutionnelles" au Venezuela, ajoute le communiqué.
Une situation "critique". Madrid est en pointe par rapport à Bruxelles où un porte-parole de la Commission européenne a exprimé "de sérieux doutes quant à savoir si le résultat de l'élection (de la Constituante) peut être reconnu". Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, avait déjà évoqué vendredi la possibilité de prendre des mesures contre Caracas, et estimé que la situation au Venezuela avait atteint "un point critique", après des mois de manifestations anti-gouvernement qui ont fait plus d'une centaines de morts. Le scrutin, boycotté par l'opposition et marqué par de violentes manifestations, a fait dix nouveaux morts dimanche.
Une manœuvre du président Maduro ? La Constituante de 545 membres, qui doit siéger dès mercredi et diriger le pays pour une durée indéterminée, pourra dissoudre le Parlement actuel dominé par l'opposition et rédiger une nouvelle Constitution remplaçant celle promulguée en 1999 par le défunt président Hugo Chavez. L'opposition, qui veut le départ du président Nicolas Maduro, y voit une manœuvre de ce dernier pour renforcer ses prérogatives et se maintenir au pouvoir.