A moins d'un mois d'une élection présidentielle cruciale au Burkina Faso, des membres de la Garde présidentielle ont fait irruption mercredi en plein conseil des ministres à Ouagadougou. Ils ont arrêté les ministres, le chef du gouvernement et le président de transition, Michel Kafando. "L'ensemble du gouvernement, dont le Premier ministre, et le président, sont prisonniers d'un groupe de soldats de la garde présidentielle", a déclaré une source militaire. "Pour le moment, ils n'ont rien exigé". Dans la soirée, les militaires ont ensuite tiré en l'air devant le palais pour disperser la foule, qui a reculé mais est restée campée devant le perron.
"La nation est en danger." Le président du parlement intérimaire (CNT) du Burkina Faso, Cheriff Sy a déclaré que la "nation est en danger" après la "séquestration" du président Michel Kafando ainsi que du Premier ministre Isaac Zida au palais présidentiel par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré.
"Le devoir nous appelle car la nation burkinabé est en danger (...) Nous en appelons au devoir de solidarité des forces vives, des forces politiques, de la société civile et de la communauté internationale avec tout le peuple burkinabé pour faire échec à cette opération", a-t-il déclaré.
Le pays à nouveau plongé dans l'incertitude. On ignorait en l'état les revendications des éléments du RSP mais sans attendre, plusieurs centaines de personnes avec des sifflets et des vuvuzelas ont convergé en début de soirée dans le quartier Ouaga2000 vers le Palais Présidentiel aux cris de "Libérez Kosyam (nom du palais présidentiel)" ou "A bas les RSP", a constaté un journaliste de l'AFP.
Ce nouveau coup de force de la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir, a brusquement plongé dans l'incertitude ce pays sahélien enclavé, où les élections présidentielle et législatives du 11 octobre sont censées mettre un terme à la transition.
La France "appelle à la libération immédiate de toutes les personnes retenues". La France "appelle à la libération immédiate de toutes les personnes retenues" au Burkina Faso, a déclaré mercredi le ministère français des Affaires étrangères alors que des éléments du Régiment de sécurité présidentielle retiennent en otages le président intérimaire et son Premier ministre. "La France est préoccupée par les développements survenus (mercredi) au Burkina Faso" et "condamne fermement tout usage de la force", a aussi déclaré dans un communiqué le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal.